Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €

Partagez | 
avec nos silences et tout le reste // basile

()
✧ Parchemin envoyé Mer 16 Jan - 1:10 ✧


avec nos silences
๑ basile montrose et marianne duchannes ๑

What is stronger than the human heart which shatters over and over and still lives.

Le soleil se cache aussi, un peu comme Marianne qui ne sort pas de son lit. Dans la nuit, elle a oublié de refermer sa fenêtre après l'avoir ouverte parce que dans sa chambre elle étouffait. Ou bien était-ce juste entre ses tempes qu'il se passait trop de choses, trop vite et trop douloureusement ? C'était possible, ça, de se noyer dans ses pensées et d'en boire la tasse ? Elle avait bien cru manquer d'air la sorcière au milieu des ténèbres, à se tourner et se retourner dans ses draps. À brasser le vide en soulevant le tissu, à se sentir couler dans son matelas comme quand la mer se retire et que le sable boit. Aux pieds de son balcon, y'a un petit peu de neige qui fond doucement sur le plancher et si d'un oeil plissé elle s'imagine déjà les dégâts elle n'a pas le coeur à se défaire de sa couette. Sa tante aura une bonne raison d'hausser la voix quelque part dans la journée, même si elle se doute qu'elle n'en aura pas le coeur elle non plus. À travers ses rideaux qui flottent un peu au gré du vent, Marianne devine le paysage qui ne change plus depuis quelques jours : un linge blanc tiré sur Paris et ses environs, un froid humide, un vent parfois capricieux. Et le soleil dans tout ça se faisait timide. Elle l'avait vu depuis sa fenêtre, les jours précédents et cette nuit encore parce qu'elle n'avait pas mis le pied dehors depuis noël. Cloîtrée dans l'hôtel particulier des Duchannes. Le corps noué dans ses draps blancs comme l'hiver au-delà de sa fenêtre qui laisse entrer ce dernier, et Marianne grelotte mais reste allongée. Elle n'a envie de rien, au fond, et passer la journée comme la précédente lui semblait la seule issue à son énième nuit blanche. Elle était bien incapable de fermer l'oeil, même la journée quand elle se tentait à rattraper ses heures elle n'y arrivait pas. Derrière ses paupières, la même scène se jouait encore et encore sans que les acteurs n'en soient lassés. Y'avait qu'elle qui n'en pouvait plus de faire l'actrice, de se déchirer la voix d'abord dans son prénom à lui, avant de tomber par terre aussi. Et puis de pleurer, longtemps. De sangloter des heures jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à faire couler sur ses joues trop rouges. Alors on l'emmenait ailleurs, et elle, elle restait sans plus vraiment savoir où c'était. Et juste comme ça, c'était déjà terminé. Ça ne faisait que commencer.

Un long soupire la quitte alors qu'elle s'étire enfin : ça n'est que l'aube, mais elle a tant vu le noir qu'elle a presque l'impression que la journée dure depuis des heures. Aujourd'hui, on était le vingt-sept décembre et c'était le troisième jour de ceux qu'elle comptait malgré elle comme si Basile était devenu un tel repère que ça ne faisait plus sens de réfléchir autrement. Trois jours depuis ce foutu bal. Trois jours depuis ce foutu coeur. Trois jours atrocement silencieux, même chez les Duchannes : on leur avait dit aux enfants que Marianne était fatiguée et devant sa chambre ils passaient sur la pointe de pieds. Mais ils passaient quand même. C'est que la vie continuait pour le reste du monde là où elle avait failli s'arrêter pour Basile, et là où elle peinait à retrouver prise pour Marianne. Dans un effort qui lui paraît si peu naturel, la sorcière se lève et sort même de son lit pour fermer cette fenêtre trop ouverte pour un mois de décembre. Elle reste un peu là, à observer le jardin enneigé quand on frappe à sa porte : c'est sa Tante avec un sourire qu'elle n'avait pas vu depuis des jours. Un vrai, pas marqué par la peine que de voir sa nièce si bas lui infligeait. Elle avait eu ouïe dire à l'Hotel Dieu que Basile allait mieux, assez pour recevoir de la visite qui n'était pas strictement familiale. Bien sûr, Marianne n'entend d'abord que le début. Il va mieux, c'était bien non ? Son coeur fait un bon, semble presque tomber par terre. Et il lui faut un petit moment pour comprendre le reste et attraper des affaires dans la foulée. Ça lui prend d'un coup, comme dans un élan, et pour la première fois depuis des jours elle sort et emprunte les rues parisiennes. Ses pas devraient l'emmener à l'Hôtel Dieu mais elle fait un détour par Versailles dans un crack sonore pour se faufiler un peu avant l'ouverture dans les cuisines de Camille. Il est déjà là, comme n'importe quel pâtissier qui se respecte, prêt à ouvrir et affronter la journée qui doucement s'éveille. Marianne lui achète quelques délices mais pas pour elle, elle a l'estomac trop entortillé pour avaler quoi que ce soit. Et puis des fleurs... pour quoi faire ? Elle adorait ça, elle. Elle en achetait toutes les semaines, aimait en offrir autant qu'en recevoir pouvait changer une journée morose en quelque chose de radieux. Mais Basile. Elle ne sait pas. N'ose pas.

Et puis oui. Il lui avait dit d'arrêter. Oui. Il lui avait dit que ça ne servait à rien. Qu'elle était une cause perdue. Il avait embrassé Tiphanie, lui avait ouvert son coeur même totalement saoul. Mais voilà, il était saoul ce soir là. Et pouvait-elle vraiment en vouloir à quelqu'un qui avait de si près frôlé la faucheuse ? Comment tenir compte du reste, quand le plus important avait failli partir et ce pour toujours. Comment s'accrocher à la colère, la déception quand la peur avait bien failli la gober toute entière. Et puis l'emporter lui. Marianne, elle met tout de côté. Elle ne réfléchit pas, préfère pour une fois suivre le coeur dans sa poitrine qui passe son temps à se disputer avec la raison tout là haut. Et puis si elle doit en crever, elle finira par en crever. C'est tout. Elle préfère être la première à pénétrer dans le couloir qui mène à sa chambre ce matin là, le gouffre au bord des lèvres, des doigts autour du paquet, des yeux fatigués, puis au bord des pieds aussi un peu. Le vide comme inconnu elle hésite un peu : y'a plein de et si ? qui lui trainent dans l'esprit. La sorcière se surprend à les ignorer. Au point où elle en est qu'avait-elle de plus à perdre aujourd'hui ? Alors elle frappe tout doucement contre sa porte (peut-être même trop) et entre en silence. La gorge écrasée par l'appréhension de le voir, le coeur qui bat comme un fou, comme un prisonnier.

Il dort encore et la pression retombe d'un coup. Sans surprise, y'a des larmes qui lui montent qu'elle écrase dans le coin de ses yeux du bout des doigts. C'était pas le moment, pas l'endroit. Elle en pouvait plus de sangloter comme une idiote, de tremper ses oreillers de jour comme de nuit. C'était pas elle ce qu'elle était devenue. Normalement, Marianne elle brillait, elle pleuvait pas. Et elle est bien heureuse qu'il ait toujours eu le sommeil lourd alors. Parce qu'elle peut s'avancer vers le fauteuil qu'on avait tiré près de son lit pour s'y assoir, le paquet sur les genoux, le manteau encore sur le dos comme si elle avait oublié comment faire. Son regard ne se décroche pas de son visage, puis de sa poitrine qui se soulève enfin et qu'elle surveille un peu malgré elle de peur qu'elle s'arrête encore. Il est calme. Il est là. Et c'est peut-être parce qu'elle en est maintenant certaine que Marianne s'endort sur le fauteuil sans s'en rendre compte. Ça n'est que lorsqu'elle entend un bruit qu'elle se réveille presque en sursaut, le sommeil léger. Et qu'elle marmonne d'une voix trop endormie. Pardon, pardon. Plus par réflexe qu'autre chose : de ceux qui ont encore un pied dans les bras de Morphée et qui la font parler sans se souvenir de la pièce dans laquelle elle se trouve, ni à qui elle s'adresse. Je me suis endormie. qu'elle cherche à expliquer l'évident. C'est qu'on venait de la tirer d'un sommeil qui l'avait évitée depuis des nuits. Ça n'est que maintenant que ses yeux fatigués retrouvent le visage réveillé de Basile, à qui elle sourit sans doute trop doucement avant de souffler encore un peu entre deux mondes un Bonjour... un peu timide. Elle s'est lancée toute seule dans cette chambre sans peser de pour ou de contre pour une fois, sans réfléchir à toute allure. Alors elle ne sait pas à quoi s'attendre, mais elle a compris maintenant que lâcher prise avait du bon. Qu'ils n'avaient pas le temps pour s'accrocher à des rancoeurs adolescentes.


27 décembre 1927
Marianne parle en ffcc66
Sa tenue : ici.


๑  A VAINCRE SANS PERIL ON TRIOMPHE SANS GLOIRE ๑



Invité

✧Invité✧


avec nos silences et tout le reste // basile Empty
✧ Parchemin envoyé Jeu 17 Jan - 0:10 ✧





Avec nos silences. 

#basiliane

Il ne restait que le silence. Un silence pesant, il ne restait rien d’autre que le silence et l’obscurité la plus totale qui soit. Les sens à la fois en éveil et dangereusement engourdis. Il n’entendait rien, ne voyait rien, et il ne restait que ce froid mordant qui lui perforait presque la peau. C’est ça, la mort ? Songeait alors Basile dans la solitude la plus totale qui soit. C’était peut-être ça après tout. Il n’y avait pas de lumière blanche, ni  même de tunnel, juste le néant. Il s’était senti faillir, une fois de trop. Une fois il se sentait tombé et le restait n’existait pas. Le corps avait lourdement chuté sur le sol. Un poids mort qui sombrait doucement pour prendre le chemin de Styx, prêt à payer son dû à Charon pour rejoindre Bénédicte et Côme. Mais non, quelque chose le retient. Il sombre, il sombre Basile, mais le cœur bat, faiblement. Le souffle presque imperceptible d’une vie qui ne tenait qu’à un fil. Un souffle de vie qui ne parvient pas à s’extirper de ses lèvres. Il résiste Basile. Il ne sait pas comment, il ne sait pas pourquoi. Il n’a aucune idée de ce qui se passait autours de lui. Il sombre, se raccrochant à un rien qui le maintien en vie.

Il reste deux jours inconscients. Deux longues journées dans un coma plus ou moins profond à lutter contre ses démons, contre ce cœur qui veut s’emparer de sa vie. Il était un battant Basile, bien plus qu’il ne se plaisait à la dire. Il s’était battu pendant le tournoi, bien qu’il ait essuyé un échec cuisant. Il se battait au quotidien pour être le fils que père espérait qu’il soit, en vain. Tous ces combats devaient-ils être vains ? Pas cette fois, pas cette fois Basile, pas encore. C’était comme la voix de Bénédicte qui lui disait de ne pas lâcher prise. Il avait encore tant à faire dans ce monde, tant à voir. Tant à faire. Il avait toute la vie devant lui, enfin, toute sa vie à lui. Il n’avait aucune idée du temps qui lui était désormais imparti, mais il s’accrochait. Quand il écarquille les yeux, la lumière aveuglante succède au noir complet. L’étreinte de Séraphine vient le réchauffer un peu, l’étouffer aussi. Mais, s’étouffer c’est respirer. Respirer c’est la vie. Dans l’étreinte de sa sœur, il se sent en vie. Il était vivant, à en juger par l’étreinte de sa sœur il avait dû manquer de basculer. Il n’aimait pas les câlins Basile, mais, il réunit le peu de force qui étaient siennes pour la serrer contre lui. Il avait besoin d’elle, elle était sa sœur encore en vie. Les mots attendraient un peu plus tard. L’instant se passait de mots. Il avait juste besoin de sa présence. Par-dessus son épaule, il voit Coraline venir l’étreindre par-dessus l’épaule de Séraphine, et le plus petit de la famille faire de même. Ils n’étaient plus que quatre, et ce jour-là, il n’avait failli en rester que trois. La malédiction des Montrose n’en finirait donc jamais ?

Le troisième jour était arrivé. Une journée qu’il avait repris conscience. Tout lui avait été expliqué. A vrai dire il ne se souvenait même pas de la soirée. Ni d’avoir bu, ni d’avoir commencé à boire, ni même du pourquoi il avait voulu noyer sa soirée dans l’alcool. Il avait sa petite idée sur la question, son père avait dû lui faire une énième remarque, celle de trop que Basile n’avait pas dû supporter. Le cœur n’avait pas supporté la pression de trop, le mélange d’alcool et de stress qui avait poussé le palpitant à son paroxysme. Ce n’était pas passé loin. Le cœur de Basile était défaillant, il n’y avait qu’à regarder ses histoires sentimentales pour s’en rendre compte.  Il avait besoin de repos. De prendre soin de lui. D’éviter les situations stressantes. De se faire suivre. Et de vivre. C’était la recommandation du médicomage, de vivre, et ne pas rester dans un monde se privant de tout sous prétexte qu’il était fragile. Non, vivez Monsieur Montrose. Le cœur fragile, mais bien moins atteint que celui de sa jumelle qui avait cessé de battre à la première défaillance. Le sien tenait le coup, défaillant, déraillant parfois. Il se reposait, sa sœur bien souvent assise sur le siège voisin, le veillant comme un veille un enfant. Elle serait toujours sa grande sœur, et lui son petit frère quel que soit leur âge, elle veillerait toujours sur lui.

Il dort. Il profite du sommeil qu’on lui offre sans dérangement. Des instants de répits dont il avait désespérément besoin. Ces derniers temps, il s’était noyé dans le travail parce qu’il n’avait pas grand-chose d’autre à faire, occupant ses pensées comme il le pouvait. Il s’endort avec son aînée à ses côtés. Toujours, immuable soutient.  Il dort un moment. Avant d’écarquiller les yeux encore fatigué, marqué par les trois derniers jours. Un œil au beurre noir vestige de sa chute ce soir-là quand il avait atterri par terre, la tête la première. Il aurait pu se faire bien plus mal, il aurait pu mourir. La lumière l’aveugle toujours un peu, mais bien qu’encore un peu floue, sa vision laisse deviner une silhouette installée dans le siège voisin, mais ce n’était pas la chevelure flamboyante de Séraphine. 'Pardon, pardon.'La voix de Marianne. Que faisait-elle ici ? Il fronce un peu des sourcils, éblouis par la lumière ambiante. Tout était différent, à bout les choses les plus simples devenaient complexes. Il faut une poignée de seconde à ses yeux pour effectuer la mise au point qui lui permet de la voir distinctement. Lui, à moitié couché dans son lit, le dos légèrement relevé. 'Je me suis endormie.' Merci pour l’évidence. Basile a du mal à réaliser qu’elle est là. L’esprit encore tourmenté par l’épreuve qu’il venait de surmonter. Il était passé si proche de la mort, à deux doigts de rejoindre sa jumelle, et son aîné. 'Bonjour...' Dit-elle alors, essayant de sourire.

Que faisait-elle ici ? Il n’en avait pas la moindre idée ; il n’avait pas idée du bazar qu’il avait mis ce soir-là au bal avant de manqué de traversé le miroir pour de bon. Pas idée qu’il avait brisée le cœur de Tiphanie en la prenant pour Marianne. Les hallucinations, la confusion, tout n’avait été que des signes annonceurs de ce qui avait suivi.  ‘Salut…’ Lâche-t-il en essayant de se relever un peu dans le lit, ne voulant pas rester trop coucher non plus. Ménagez vos efforts Monsieur Montrose, lui avaient dit les infirmières. Mais il pouvait bien faire cela tout seul. Il grimace, laissant échapper un juron entre ses lèvres presque muet. Si Marianne veut l’aider, qu’elle n’essaye pas. Il refuse qu’on l’assiste, il refuse qu’on puisse le prendre en pitié. Il n’avait pas été élevé de la sorte, ce n’était pas dans son caractère. Il n’aimait pas être faible, sauf auprès des membres de sa famille, de ces gens qui le connaissaient par cœur, comme Séraphine qui savait lire en lui comme dans un livre ouvert. Marianne et lui, ils n’étaient plus rien hormis un passé raté, une histoire perdue. Une page qui devait se tourner, dans l’impasse où ils étaient depuis trop d’années. ‘Qu’est-ce que…’ Commence-t-il, cherchant les mots qui lui faisaient un peu défaut, le cerveau en mode ralenti depuis que c’était arrivé, la faute au goutte à goutte qui le soigne mais le calme dangereusement. ‘J’ai une sale gueule hein.’ Dit-il, lâchant le trait d’humour qu’on lui connaissait souvent. Les pensées se bousculent dans le désordre dans sa tête. Comment avait-elle réussi à passer devant Séraphine d’ailleurs ? Parce que si l’enfer avait son Cerbère, Basile avait la sienne – bien plus élégante. ‘Qu’est-ce que tu fais là ?’ Lâche-t-il faiblement. La fatigue marquait ses traits, épuisait sa voix. On ne manque pas de passer de l’autre côté du voile sans payer un peu de son être.


Basile parle en cc9966

Basile Montrose

✧dans les rues de Paname✧
Basile Montrose
Missives royales : 65
Date d'arrivée : 15/11/2018

https://zupimages.net/up/18/43/rwr9.png 

avec nos silences et tout le reste // basile Empty
✧ Parchemin envoyé Jeu 17 Jan - 1:51 ✧


avec nos silences
๑ basile montrose et marianne duchannes ๑

What is stronger than the human heart which shatters over and over and still lives.

Elle se redresse un peu sur son fauteuil quand il se réveille. C'est qu'en s'y assoupissant, elle y avait glissé un brin et c'est à ce moment là qu'elle se rend compte qu'elle porte même encore son manteau. Elle ne l'enlève pour autant pas, parce que Basile pouvait très bien la mettre dehors. Il en aurait le droit, et elle ne se battrait pas pour rester : la dernière fois qu'ils s'étaient parlés il avait été clair. Et le silence qui s'en était suivi n'avait pas laissé de doute, ni le baiser qu'il avait donné à Tiphanie, ni sa déclaration. Tout avait toujours été limpide mais Marianne avait été aveugle. Idiote. Assez stupide pour se perdre dans un brouillard qu'elle avait nourri sans le savoir. Maintenant, tout était différent. Enfin presque. Tout le serait sans doute demain d'avantage et le jour d'après encore. Maintenant, elle avait comprit et quelque part avait accepté son choix. Bien sûr, ça lui coûtait de le faire et elle mettrait plus que quelques jours pour s'en relever : puis il y avait ce drame, trois jours plus tôt qui l'avait empêchée de penser à autre chose que lui. Qui l'avait même empêchée de faire quoi que ce soit d'autre que d'attendre dans sa chambre des nouvelles de l'Hôtel Dieu dans l'espoir quelles soient du genre de celles qu'elle avait reçu ce matin à l'aube. Marianne s'était noyée dans ses propres pensées, à revivre la scène mais aussi la nuit du sénat, la dispute d'avant. À tout refaire entre ses draps, à se maudire des mots qu'elle avait eu contre lui et ses actes manqués qu'elle regrettait presque. Jusqu'à hier, cependant, parce qu'hier elle avait eu le soulagement d'apprendre qu'il s'était réveillé. Qu'il était bien vivant. Que tout n'était pas encore gravé dans la pierre. Un poids s'était levé alors, sans qu'elle ne parvienne à s'en réjouir totalement : il était vivant, mais allait-il bien ? Est-ce qu'il était encore lui ? Elle l'avait déjà perdu trois fois, à Beauxbâtons, cette nuit au sénat, ce soir là au bal et une quatrième lui aurait été bien trop insupportable.

Les mains encore autour du paquet qu'elle tient, elle l'observe de ses yeux fatigués par trop de nuits à s'imaginer le pire et s'accabler de tous les maux. Marianne tente de sourire sans y arriver totalement : on devine l'ombre d'un rictus sur ses lèvres qui s'étirent à peine. C'est qu'elle n'a pas le coeur à briller après tout ce qu'il s'est passé, que ce soit entre eux ou au bal quelques jours plus tôt. À la place, elle se fait petite dans son fauteuil presque mal à l'aise d'être là maintenant qu'il est conscient et qu'il la regarde le visage tiré par sa propre fatigue, et par l'oeil au beurre noir qui y traine aussi. Salut… souffle-t-il en se redressant à son tour. Entendre sa voix lui serre le coeur parce qu'elle se souvient avoir pleuré un soir quand elle s'était rendue compte qu'elle ne l'entendrait sans doute plus jamais. Elle s'était trompée. Et que ça faisait du bien alors d'avoir été dans le faux pour une fois. Que l'échec était formidable. Marianne sourit un peu plus, avant de perdre ce dernier en détournant le regard, incapable de le garder sur lui quand elle le voit peiner à se relever. La sorcière l'aurait aidé en temps normal, ou aurait au moins essayé, mais elle sait maintenant qu'il a beau la saluer cela ne veut rien dire. Il ne l'acceptera pas, ni elle ni son aide. Et de toute façon, elle a bien trop peur à présent d'être trop amicale, trop tactile, trop trop : ça viendrait violer sa demande à lui de le laisser tranquille. Sa présence ici était déjà suffisamment étonnante comme ça. Qu’est-ce que… tu fais là qu'elle peut déjà discerner. À en croire leurs derniers échanges, elle n'avait rien à faire ici. Elle s'était même attendue à ce que ça soit sa première question, celle qui le mènerait à la jeter dehors. Alors elle se pince les lèvres et attend, le regard qui tombe sur ses propres mains. Au moins, il allait bien. Elle ne l'avait pas perdu, pas tout entier.

Qu'il parle, c'était bon signe n'est-ce pas ? Ses doigts s'agitent sur le paquet qu'elle tient, nerveuse. Elle se fait encore et toujours trahir par ses mains sans que cela ne vienne la troubler. Non, ce qui la perturbait c'était Basile bien sûr. Si quelqu'un d'autre avait été à sa place, elle lui aurait sans doute délicatement sauté au cou, l'aurait traversé de questions avant de s'en mordre les doigts et d'attraper les siens pour ne les lâcher qu'au moment de partir. Mais c'était Basile. C'était différent, compliqué mais un peu moins qu'avant. Là, elle savait à quoi s'en tenir : au minimum. Et sur son fauteuil, elle essaie de garder la face. J’ai une sale gueule hein. Marianne relève enfin les yeux vers lui, dans un sourire qui aurait sans doute été un rire dans d'autres circonstances. Oui, il avait une sale gueule avec sa peau trop pâle, ses yeux trop rouges, son oeil marbré, enflé. Il avait presque l'air d'un mort, mais pour revenir de leur royaume il fallait sans doute laisser quelque chose derrière soi. Oui. qu'elle vient lui répondre d'une petite voix sans prendre de gants. Elle aurait peut-être rit encore un petit peu ailleurs mais là elle inspire pour ravaler les larmes qu'elle ne veut surtout pas sentir couler. Pas ici, pas maintenant et de préférence plus jamais. Elle avait déjà trop pleuré ces derniers jours pour continuer devant Basile. Elle n'avait pas besoin de ça pour aggraver son cas, et lui n'avait certainement pas envie de la voir comme ça. Alors elle soupire en fronçant des sourcils et en cueillant quelques perles au coin d'un de ses yeux d'une manière un peu sèche, saoulée de ne pas réussir à se contenir.

Elle s'attend toujours à être congédiée d'un moment à l'autre, ça la surprendrait plus qu'il l'invite à rester plutôt qu'il lui dise d'aller voir ailleurs. Elle commençait à en avoir l'habitude de ses dégage à force. Mais elle ne lui en voudrait pas, c'est elle qui enfreignait les règles en venant ici. Elle connaissait sa place maintenant, et celle-ci n'était pas proche de lui. Ne l'était plus. Qu’est-ce que tu fais là ? Là voilà, la question à laquelle elle s'attendait. Marianne pense une poignée de seconde faire de l'humour, lui dire qu'elle venait faire ses courses, acheter du linge, trier des dossiers face à l'évidence de la réponse. Elle était venue le voir, parce que comme tout le monde elle avait été morte d'inquiétude à défaut de l'être simplement. Basile était à l'hôpital, après le pire, alors finalement ça ne l'étonne pas de devoir citer l'évident. Et la faiblesse de sa voix, de ses traits, l'empêche de vouloir jouer un jeu qui n'est plus le leur. À la place, elle préfère être honnête, simple. Elle n'avait plus rien à perdre de toute façon, plus rien à entretenir non plus. J'avais besoin de te voir. vient-elle lui répondre doucement, comme si inconsciemment elle ne voulait pas hausser le ton au dessus de celui fragile de Basile. Puis il y a aussi cette sincérité qui n'ose pas s'affirmer entièrement. Elle avait besoin de le voir et c'était aussi simple que ça. Elle avait besoin de savoir qu'il allait bien, de le voir de ses propres yeux quelque part pour que l'image de leur dernier moment ne soit pas celui de sa silhouette inerte sur le sol de l'Opéra Garnier. Elle avait besoin de le voir, d'être là. Elle avait même sans doute besoin de lui tout court, mais ça, elle s'en était convaincue du contraire. Persuadée d'avoir loupé le coche. Je - commence-t-elle, la gorge nouée avant de se reprendre. Je t'ai apporté ça. Je sais pas si t'y as droit mais bon... qu'elle soupire en se penchant pour déposer le paquet de chez Camille sur le lit à côté de lui. Elle avait pris quelque chose qu'il aimait de tête, sans même savoir s'il pourrait en profiter. On l'avait peut-être mis sous un régime particulier quelques semaines. Elle n'en savait rien. Elle ramait complètement, mais elle faisait au moins l'effort. Je me suis dit que tu préfèrerais ça à des fleurs. vient-elle conclure dans l'ébauche d'un sourire. C'est bizarre de lui parler après un mois de silence, d'être à nouveau seule dans une pièce avec lui mais sans que l'air ne s'alourdisse. C'est bizarre mais ça lui fait du bien. Marianne est déterminée à ce que ça se passe bien cette fois, parce qu'elle préfère crever que de lui infliger quoi que ce soit ce matin : il avait déjà trop souffert, et loin d'elle l'idée d'empirer son cas d'une dispute. Quitte à partir tout de suite. Si tu ne veux pas que je reste, ou que t'as pas la tête à recevoir quelqu'un tu peux le dire. Je partirais. finit-elle par lui dire sans animosité. Marianne ne voulait pas s'imposer, surtout quand elle l'avait déjà trop fait malgré elle. Et elle était sincère. Ses mains maintenant libres se joignent sur ses genoux non sans que les doigts de l'une ne viennent jouer avec sa bague. La seule qu'elle portait, celle qu'elle venait toujours tourner quand un truc la tracassait. Un peu comme là, voir Basile dans un lit d'hôpital lui faisait quelque chose. Plus que ce qu'elle ne s'était imaginé.

27 décembre 1927
Sa tenue : ici. & ici. & ici.
Marianne parle en ffcc66
Basile parle en cc9966


๑  A VAINCRE SANS PERIL ON TRIOMPHE SANS GLOIRE ๑



Invité

✧Invité✧


avec nos silences et tout le reste // basile Empty
✧ Parchemin envoyé Ven 18 Jan - 0:18 ✧





Avec nos silences. 

#basiliane

Il détestait être mal en point, il détestait être faible, ou se sentir mis en défaut. Mais, cette fois, il n’avait pas le choix, son propre corps le mettait à l’amende et l’empêchait de faire ce qu’il voulait de sa vie. Bien sûr, il pourrait continuer à faire des choses, mais peut être devrait-il revoir sa façon de vivre cette même vie. Il devrait sans doute ralentir les fêtes, peut être travaillé moins, prendre plus de temps pour lui, se reposer.  Mais présentement, il n’avait pas d’autre choix que de se reposer ou Séraphine viendrait lui latter le derrière à coup de fouet. Il était d’ailleurs étonné qu’elle ne soit pas là son réveil. Dans un sens, il se disait qu’il fallait qu’elle se repose aussi, elle en avait besoin, celle-ci venait depuis trois jours non-stop.  Il tenait à ce que sa sœur reste en forme, les Montrose pouvaient tous avoir leur malédiction, et il priait parfois pour qu’il soit le dernier à porter ce fardeau. Une part de lui y croyait, une autre savait qu’il se fourvoyait.

Basile avait une sale gueule, de toute évidence, il n’avait pas envie de se voir lui-même. Il n’avait pas envie de voir son reflet dans le miroir, parce qu’il savait que ça allait mal se passer. Il avait une image de lui-même, et même s’il était cloué dans un lit, voir son reflet mal en point ne ferait qu’enfoncer le sorcier un peu plus. Se sentir faible, c’était déjà assez. 'Oui.'Précise Marianne quand il demande s’il a effectivement une sale gueule. Oui, il avait une sale gueule. Il aurait pu sourire à ces mots, mais il n’avait pas envie de sourire. Ni même de rire. Il avait beau tenter un peu d’humour, lui-même n’y arrivait pas. L’esprit était encore en train de divaguer.  Il n’avait pas envie de grand-chose. Envie de rien, comme s’il pouvait en sortir indemne après. Comme s’il pouvait revenir de la frontière de la mort et ne pas être affecté par ce qui s’était passé. Il allait mal, sa tentative d’humour n’avait fait que raviver la blessure quand il réalise qu’il avait perdu le besoin de rire, et cette envie. Il avait juste envie de rester dans son lit. De ne rien faire. 'J'avais besoin de te voir.' Ajoute-elle ; comme si c’était important maintenant. Elle avait besoin de le voir maintenant, depuis quand ? La dernière fois qu’il l’avait vu, il n’avait pas oublié. Il n’avait pas oublié qu’elle n’avait pas voulu de lui, et il avait fait ce qu’il fallait. Pourquoi était-elle là, par pitié ? Il avait failli mourir, il n’avait pas perdu en lucidité ; il n’avait que faire de la pitié des gens.

Ils en étaient là, à ne pas savoir quoi se dire. Il la regarde attendant qu’elle dise ce qu’elle avait à dire. Il n’était pas en état de faire la conversation. Non, pas du tout. Il était à peine en état de rester éveiller, alors… 'Je -' Elle commence, semblant chercher ses mots. Puis, elle ajoute, déposant un paquet sur le bord du lit, 'Je t'ai apporté ça. Je sais pas si t'y as droit mais bon...' Des douceurs, des pâtisseries. Non, il n’y avait pas le droit, son alimentation règlementé pendant plusieurs semaines, et même après, il devrait faire attention lui avait-on dit. Il esquisse un faible sourire de remerciement comme le veulent les convenances qu’on lui avait apprise dès son plus jeune  âge, mais Séraphine allait se régaler. Les douceurs seraient pour elle. Elle le méritait pour sa dévotion et son amour. 'Je me suis dit que tu préfèrerais ça à des fleurs.' De toute évidence, les fleurs le faisaient régulièrement éternuées. Il était plus fragile qu’il n’avait jamais voulu le dire. Les fleurs, les chats, ce n’étaient pas les amis de Basile, pas le moins du monde. ‘Merci.’ Dit-il simplement sans en dire plus, poli et fatigué. Ça ne se faisait pas de refuser un cadeau, c’était un effort qu’elle faisait dans sa direction, un pas en avant alors qu’ils s’étaient comme dit de ne plus croiser leur route respective. C’était Basile qui l’avait dit, qu’il fallait lâcher prise. La cause perdue d’une relation sans espoir, alors pourquoi faisait-elle ce pas en arrière ? Par pitié ? 'Si tu ne veux pas que je reste, ou que t'as pas la tête à recevoir quelqu'un tu peux le dire. Je partirais.' Le problème était plus profond, il n’avait la tête à rien.

Il n’avait la tête à rien, qu’est-ce qu’elle ne comprenait dans ce qui venait de lui arriver ? Avait-il réellement se consoler avec une poignée de macaron ? Il n’était pas aussi superficiel qu’il n’y paraissait. Si elle le croyait ainsi, alors, elle avait perdu son temps à ses côtés, et n’avait pas su saisir ce qu’il était. ‘Parce que tu crois que j’peux avoir la tête à quoi que ce soit ?’ Le ton n’était pas froid il était étrangement neutre. Une neutralité qui reflétait son état d’esprit, dépourvu d’avis, dépourvu d’envie. Il avait failli traverser le voile, il avait failli rejoindre Côme et Bénédicte, il avait cru que jamais il ne verrait la lueur du jour, que jamais il ne verrait une lune briller dans le ciel, que jamais il ne reverrait sa famille. ‘Tu crois que j’ai été faire une promenade de santé et que je fais une sieste ?’ Basile était con, c’était un fait. Un fait, qu’il ne pouvait pas contre dire son état était tel que c’était presque comme s’il n’avait pas la force de mentir. Mentir demandait trop de raisonnement, trop d’effort. Il n’y avait que la vérité qui sortait de sa bouche. Il était las Basile. Une fatigue qui ne le quittait pas. ‘Tu t’attendais à quoi ?’ Lâche-t-il doucement. Qu’il soit en pleine forme ? Que rien n’ai changé ? Que tout soit comme avant ? ‘Moi aussi j’aurais voulu que a soit un mauvais rêve.’ C’était sincère, mais très amère aussi.


Basile parle en cc9966

Basile Montrose

✧dans les rues de Paname✧
Basile Montrose
Missives royales : 65
Date d'arrivée : 15/11/2018

https://zupimages.net/up/18/43/rwr9.png 

avec nos silences et tout le reste // basile Empty
✧ Parchemin envoyé Sam 19 Jan - 0:27 ✧


avec nos silences
๑ basile montrose et marianne duchannes ๑

What is stronger than the human heart which shatters over and over and still lives.

Qu'elle est idiote, Marianne. Qu'elle peut être stupide, aveugle, et même tout simplement bête. Il ne fallait pas être savante pour savoir qu'elle n'était pas à sa place. Qu'elle n'avait rien à faire là. Qu'elle était de loin la moins légitime des sorcières à pouvoir rendre visite à Basile. Il ne fallait pas être savante pour savoir par avance que se rendre à l'Hotel Dieu ce matin là était une mauvaise idée. C'était clair, limpide. Et ce depuis le début. Dès l'instant où elle s'était refusée à lui, il l'avait rayée, raturée, sans doute aurait-il même arraché la page s'il l'avait pu. Mais on ne se défait pas d'un chapitre de son existence comme ça. Ce serait trop simple. Il y avait bien des sorts pour faire oublier, des manières de cacher ce qui était trop douloureux, mais s'y résoudre c'était tomber dans un extrême malsain. Désespéré. Terriblement faible aussi, quoi de plus fragile que de ne pas pouvoir affronter ses propres sentiments et souvenirs ? On ne grandissait pas comme ça, on ne faisait que régresser. Les grands sorciers faisaient face à ce que la vie leur offrait en bien comme en mal. Marianne, elle n'était pas encore de ceux-la. Et au lieu d'accepter la triste vérité, elle continuait de s'accrocher au mythe qu'était devenu Basile. À ce fantôme, cette moitié d'homme presque : balayé par les épreuves, elle le reconnaissait à peine. Pourtant, elle voulait y croire. Il était encore là derrière toute cette rancoeur, cette colère, cette arrogance exacerbée par le temps. Alors elle continuait à arroser une plante qui se voulait morte. La coeur trop sec, les pétales trop ternes, l'échine voutée. Marianne continuait d'espérer à un jour meilleur, elle persistait à croire que le soleil reviendrait prendre possession d'un ciel trop gris. Elle avait toujours été l'optimiste pur, l'idéalisme, la naïveté trop bienveillante. Et la sorcière s'en mordait terriblement les doigts après chaque échec sans parvenir à rester là où on se tuait à la faire tomber. Tout en bas.

Alors bien sûr qu'elle s'était jetée toute crue dans la gueule du loup. Bien sûr qu'elle n'avait pas réfléchi à deux fois avant de faire un détour par Versailles. Bien sûr qu'elle s'était essoufflée pour s'assoir sur ce fauteuil dès les premières heures de la matinée. Bien sûr, qu'elle était restée. Bien sûr qu'elle voulait rester. C'était comme ça qu'elle était Marianne. Trop naïve pour voir au-delà de sa bonne volonté, de sa petite attention. Du bout de son petit nez. Elle avait voulu bien faire, être là pour celui qu'elle avait cru perdre quelques jours avant avec l'espoir peut-être de faire table rase. D'enterrer la hache de guerre, quelque chose comme ça. Elle s'était rendue compte en le voyant partir entouré de médicomages qu'elle regrettait beaucoup trop de choses. Et surtout qu'elle ne voulait plus jouer, qu'elle en avait assez d'affronter leurs silences. Qu'ils étaient trop grands (trop éphémères) pour y perdre leur temps. Mais c'était just elle, tout ça. Basile, lui, elle le devinait hors de portée. Plus encore quand il lui répond. Parce que tu crois que j’peux avoir la tête à quoi que ce soit ? Oh. Elle baisse les yeux, la voyante. Et ses doigts arrêtent de s'agiter autour de sa bague. Non, non. Elle n'avait pas voulu lui dire ça. Elle n'avait pas voulu le lui faire croire. Elle... Elle avait simplement voulu qu'il sache qu'il pouvait la jeter dehors et qu'elle comprendrait alors. Qu'elle comprenait déjà. Que tout ça c'était beaucoup même pour quelqu'un comme lui, qu'il n'avait certainement pas la force ni l'envie de voir d'autres personnes que ses soeurs, son frère. Mais il comprenait tout de travers, et Marianne, elle ne pouvait que subir le coup de bâton les épaules voutées. Elle voudrait se rattraper mais il l'en empêche. Tu crois que j’ai été faire une promenade de santé et que je fais une sieste ? Non. Non, non, non. Il l'accable, et c'était tout ce qu'elle avait voulu éviter. Pourquoi devait-il tout mal interpréter ? La croyait-il si bête, si ignorante ? La pensait-il si dépourvue de jugement ? Ça la blesse, à la fois parce qu'elle se sent stupide de s'être mal exprimée, mais aussi parce qu'elle reçoit ses foudres injustement. Parce qu'il la sermonne, et trois nuits blanches, une poignée de repas, trop de larmes pour les compter, ça la rend fragile. Alors ses reproches c'est suffisant pour la faire craquer sur le fauteuil. Bien sûr, elle ne relève pas la tête. Elle avait déjà trop honte qu'il l'assassine ainsi, dans un calme qui lui brisait le coeur, alors le laisser voir les perles qui lui roulent sur les joues ce serait lui offrir bien plus que ces stupides macarons. Marianne pleure en silence. Même ses épaules n'osent pas sursauter : y'a juste ses grands yeux qui débordent. Tu t’attendais à quoi ? Elle ne sait pas, ni avait même pas réfléchi. Tout ce qu'elle avait voulu c'était le voir, faire la paix, s'excuser aussi surtout pour tout ce qui l'avait hanté ces derniers jours, tout ce qu'elle regrettait. Elle ne s'était attendue à rien. À part peut-être à aller mieux en le voyant enfin de ses propres yeux. À se sentir rassurée qu'il aille bien, qu'il soit là. Tout ça, c'est foutu. Elle se sent à la place qu'on ne cesse de lui donner, celle plus bas que terre. Alors Marianne ne lui répond pas, quelques gouttes lui tombent sur les doigts, lui glissent entre les lèvres. C'est salé comme la Normandie.

Moi aussi j’aurais voulu que ce soit un mauvais rêve. Et pour la première depuis qu'il la fustige calmement, il ne lui reproche rien. Un mauvais rêve. Elle l'aurait aimé elle aussi. Elle aurait préféré se réveiller en sursaut plutôt que ne plus dormir du tout. Elle aurait aimé que ça ne soit pas Basile mais une chimère quelconque. Elle aurait préféré qu'on la maudisse à ne plus rêver que de ça plutôt qu'à le vivre. Et si en avoir été témoin lui était si dur, alors elle n'ose pas imaginer ce qu'en avoir été la victime peut être. Marianne reste silencieuse, minuscule dans le fauteuil au fond duquel elle voudrait disparaître. Les yeux baissés vers ses mains, elle les relève mais n'ose pas croiser le regard du sorcier : elle ne veut pas le voir broncher à la vue de ses yeux plein de larmes, de ses joues humides et de ses lèvres pincées si fort qu'elle se demande si ses dents n'y laisseront pas une marque. Elle a déjà affronté suffisamment de moqueries comme ça. À la place, elle tourne la tête sur le côté, fait mine d'observer le mur en face et les affreuses décorations passées qu'on y a déposé. Puis elle soupire dans une petite voix. Ce serait tellement mieux si ça n'avait été qu'un cauchemar... qu'elle prononce plus pour elle que pour lui en reprenant presque ses mots. Et elle s'arrête là d'abord, parce que y'a des sanglots qui veulent sortir et elle lutte un peu pour les garder en dedans. Elle ferme les yeux, fronce les sourcils, se force à les ravaler un moment avant de venir essuyer ses joues délicatement en expirant. Pardon. vient-elle dire dans un infime sourire qui meurt presque immédiatement tant il tient plus du réflexe que de la réelle envie. Marianne ne le regarde toujours pas, elle vient fixer un point en face d'elle cette-fois. Si seulement elle n'était pas dos à la fenêtre, elle pourrait y voir la neige tomber paisiblement. Y trouver le calme qui lui manquait. C'était pas ce que je voulais dire. Je me suis mal exprimée... Je- Je me permettrais jamais de... d'émettre un jugement sur ce que t'as traversé. elle hésite sur ses mots qu'elle essaie de choisir avec précaution pour ne pas qu'ils lui retombent dessus. Elle balbutie, la gorge nouée par les perles qui lui tombent encore des cils. C'est difficile de s'arrêter une fois que leur course folle a commencé. Y'a pas de sanglot dans sa voix pour autant, à part de la fatigue on y trouve pas grand chose d'ailleurs. Je voulais juste que tu saches que je partirais si tu me le demandais. Elle espère qu'il ne le fera pas, mais s'y attend quand même avec une certaine certitude. Ça ne serait pas la première fois, mais ce serait sans doute la dernière. Marianne finit par trouver le courage d'affronter son regard, elle baisse les armes plus que jamais. Une dernière fois. J'étais venue te voir surtout pour être certaine que t'étais là, enfin que tu... Que t'allais bien qu'elle voudrait rajouter sans oser. Il était là, mais il était loin d'aller bien. Et puis aussi pour te demander pardon. Pour tout. (encore une fois) Je suis désolée, d'avoir eu des mots si durs, de pas avoir su quoi faire, d'être comme ça. De ne pas savoir comment arrêter. De t'avoir perdu. J'avais besoin que tu le saches. Même si ça changera rien. Y'a l'ombre d'un sourire nerveux qui se profile sur ses lèvres mais elle préfère les pincer en détournant le regard une nouvelle fois pour observer ses mains trop serrées l'une dans l'autre au dessus de ses genoux. C'est tout. finit-elle par soupirer. C'était pas tout, pas exactement. Elle avait tant de choses à lui dire mais elle ne savait pas s'il voudrait bien l'écouter. Ça commencerait par accepter ses excuses et ne pas la jeter dehors, mais c'était déjà beaucoup demander au sorcier. Surtout maintenant et ici.

27 décembre 1927
Sa tenue : ici. & ici. & ici.
Marianne parle en ffcc66
Basile parle en cc9966


๑  A VAINCRE SANS PERIL ON TRIOMPHE SANS GLOIRE ๑



Invité

✧Invité✧


avec nos silences et tout le reste // basile Empty
✧ Parchemin envoyé Dim 20 Jan - 18:01 ✧





Avec nos silences. 

#basiliane

'Ce serait tellement mieux si ça n'avait été qu'un cauchemar... ' Basile se disait parfois que la vie entière n’était qu’un foutue cauchemar dont il finirait par se réveiller un jour. Un jour, il se réveillerait au petit matin, et sa sœur viendrait le réveiller pour lui dire qu’il était attendu pour le petit déjeuner, et qu’en arrivant, il retrouverait la totalité de la famille Montose autours de la table. Sans tristesse, sans remords, sans regrets, sans haut le cœur, sans haine, et sans avoir peur de quoi que ce soit. Ça, ce n’était qu’un rêve. Mais il espérait parfois que l’inverse soit possible. Que la réalité n’existe pas, que ça ne soit qu’un horrible cauchemar. La réalité était étrange, il regarde Marianne assise à la place que ne quittait jamais Séraphine, elle semble à deux doigts de fondre en larmes. Peut-être qu’elle tenait à lui, peut-être. Basile ne veut pas y songer, il veut tourner cette page. 'Pardon.' Elle fuit, son regard. Elle fuit la vision du sorcier. Oui, il n’était pas beau à voir, mal en point, à deux doigts de s’écrouler. Ce n’était pas le Basile fringuant d’antan. Celui-ci était étrangement plus authentique, plus proche de sa réalité. Plus proche de ce qu’il n’avait jamais voulu montrer. Les blessures d’une vie à vif, sans artifice pour cacher quoi que ce soit. 'C'était pas ce que je voulais dire. Je me suis mal exprimée... Je- Je me permettrais jamais de... d'émettre un jugement sur ce que t'as traversé.' Pourtant, elle l’avait fait, juger. Volontairement ou non, mais il y avait jugement. L’être humain ne peut pas se défaire de sa capacité à juger, c’était dans sa nature ; il ne lui en voulait pas. Lui-même avait déjà porté des jugements, agit comme un parfait connard. C’était une autre époque, d’autres circonstances. 'Je voulais juste que tu saches que je partirais si tu me le demandais.' Elle était assez grande pour prendre cette décision seule. Elle avait très bien fait les choses jusqu’ici. Elle avait fait tout comme une grande, fièrement. Il n’allait pas lui dire quoi faire. Il n’avait aucune idée de s’il avait envie qu’elle reste, ou qu’elle parte. Ne sachant pas si cette présence était apaisante ou non. Ne sachant pas s’il avait encore envie de la voir, ou s’il préférait tourner cette page. La douloureuse page d’une histoire manquée.  Ce qui est brisé, peut être réparé. Avait-il envie de le faire ? Il n’en savait rien.

Ne jamais prendre de décision sur l’instant. Il n’était pas en état Basile se décider quoi penser d cette épineuse question, s’accrocher et y croire, ou bien réaliser et lâcher prise. Il n’avait pas la force pour la première option pour le moment.  'J'étais venue te voir surtout pour être certaine que t'étais là, enfin que tu...' Que quoi ? Qu’il n’était pas encore mort ? Qu’il n’avait pas encore passé l’arme à gauche ? Oui, il était vivant, à quel prix il n’en savait encore rien. Dans quelles conditions, il n’en savait encore rien non plus. Il n’avait aucune idée de ce à quoi allait ressembler sa vie après ça, il n’avait aucune idée pour le moment de la probabilité que ça arrive encore. Personne ne savait, le mal qui frappait les Montrose était méconnu à cette époque, qui pourrait leur donner ces réponses ? Personne, il fallait simplement faire acte de foi. 'Et puis aussi pour te demander pardon. Pour tout. Je suis désolée, d'avoir eu des mots si durs, de pas avoir su quoi faire, d'être comme ça.' C’est quand les gens viennent s’excuser et dire ce qu’ils ont sur le cœur que la réalité vous frappe de plein fouet, plus violente encore que les mots de médicomages. Marianne venait s’excuser, comme on s’excuse auprès d’un mourant pour n’avoir aucun regret. Basile avait failli mourir, il pourrait encore mourir demain. Les mots de Marianne sont un violent électrochoc, elle cherchait son pardon. Il ne savait pas pourquoi, peut-être qu’elle aussi avait besoin d’avancer. Lui il avait essayé, au bal – il l’avait oublié pour le moment – il avait oublié qu’avec tous les efforts du monde, qu’avec tous les efforts de Tiphanie, il n’y avait eu qu’elle. Il l’avait oublié. Mais la voilà qui était désolée. Ça aurait pu être un bon point de départ, celui d’une rédemption, d’un meaculpa. Ça aurait pu, 'J'avais besoin que tu le saches. Même si ça changera rien. ' Rien ne changera. Elle venait de le dire. Rien n’allait changer. Alors, il suffisait donc de lâcher prise. De ne pas passer le temps qui lui restait à espérer quoi que ce soit. Il pourrait presque la remercier pour cette franchise, pour cette libération bien que douloureuse. Il pourrait. Elle ajoute, 'C'est tout.' Il n’y avait donc rien à ajouter. Il comprend sans doute de travers, mais qu’importe.

Que je le sache avant de crever comme une merde ?’ Basile avait comme enclencher le mode où il n’avait absolument plus de filtre. A quoi bon perdre son temps avec la bienséance et les bonnes manières quand on peut mourir demain ? Il était las de devoir prétendre que tout allait bien, d’être le fils bien élevé d’une famille bien-pensante et bien heureuse. Rien n’allait chez les Montrose, tous allaient finir par mourir la faute à ce cœur handicapé et malade.  Rien n’allait plus, il ne restait plus rien de la fortune de jadis et déjà que les toits finissaient par prendre l’eau dans les greniers. Une face cachée que tenait à garder secrète son clan. Il fallait préserver les apparences, il fallait toujours préserver les apparences.  Tout ce qu’il lui restait c’était sa conscience, a frêle vie, et sa dignité. Du moins ce qu’il lui restait de sa dignité. Ce qu’il en restait. Soit bien peu de chose. Mais à quoi bon posséder les plus belles richesses, on ne les emporte pas dans l’au-delà, elles ne permettent que le confort des vivants ; les morts sont égaux face à la fin, face à l’éternité. Basile se plaisait à croire qu’il y avait quelques choses après, pour rendre les pertes plus faciles. Pour croire que Bénédicte et Côme étaient apaisés ailleurs. ‘Avec tout le respect que j’ai pour toi…’ Commence-t-il. Pas de mensonges dans ces mots, il avait du respect pour elle, même s’il s’était parfois montré dur, s’il n’avait pas été des plus sympa, il la respectait, vraiment. Il était désolé pour ce qu’il avait pu dire, faire. Mais, les actes sont inscrits dans le marbre, et il ne saurait défaire ce que le temps avait gravé dans la pierre. La rupture irrémédiable, les tensions, les non-dits, et les actes manqués. C’était écrit, il était impossible de revenir en arrière. Impossible. ‘Tu as raison, oui, tu n’as aucune idée de ce que j’ai pu traverser.’ Jamais, ni ces derniers jours, ni avant. Elle n’avait aucune idée de ce que c’était de perdre la meilleure partie de soi-même, le modèle qu’on rêverait d’égaler, d’avoir un poids sur ses épaules, de manquer de traverser le voil, de réaliser qu’on est atteint par quelque chose qui finira par avoir raison de vous, et de ne jamais être assez. Elle n’en avait aucune idée.  

Je ne dénigre pas tes épreuves, une gamine ne devrait pas perdre ses parents.’ Il résume là, l’un des seuls drames de sa vie. Sans lui manquer de respect, la vérité dans de simples mots. Personne ne devait grandir orphelin, mais elle n’avait pas été abandonnée à elle-même, elle n’avait pas été dénigrée pour ses actes par les siens. ‘Je ne dénigre pas ce que tu as pu voir.’ Ajoute-il a propos de son don de voyance ; voir, c’est savoir, et le savoir était la plus précieuse des connaissances, mais aussi la plus redoutable.  Il ne lui disait pas qu’elle n’avait rien vécu de traumatisant dans sa vie, juste qu’elle ne pouvait pas comprendre ce que lui avait traversé. Il la quitte du regard pour tourner la tête vers la fenêtre, regardant la neige tomber. C’était définitivement la saison qu’il préférait. Le souvenir d’une enfance où sa sœur et lui sortaient en douce pour aller se battre dans la neige et se livrer une bataille sans pitié où les rires résonnaient comme une victoire.  ‘Tu n’as pas perdu un frère, un modèle et ça n’est pas la première chose dont tu te souviens dans ton existence.’ Le souvenir de Côme, sa mort, s’était gravé dans sa tête comme le premier souvenir de sa vie. Un gosse de cinq ans insouciant qui devient soudain l’objet d’attention, d’exigence, c’était ce qui était arrivé à Basile. Il avait vu mourir ce frère qu’il aimait plus que tout, ce à quoi i voulait ressembler. ‘Tu n’as pas perdu la meilleure partie de ce que tu es pour la même raison.Bénédicte. Si parler de Côme lui fendait le cœur meurtri,  évoquer  sa jumelle était plus douloureux. La gorge se serre. La boule dans son estomac noue sa respiration. Il lui est impossible de ne pas laisser des larmes couler silencieusement sur sa joue. C’était encore si frais, on lui avait promis que le temps l’aiderait à cicatriser. Mais plus le temps passait plus il avait l’impression qu’il n’arriverait pas à s’en sortir sans son soutien, sans ses conseils, sans son aide, sans ce précieux sarcasme.  ‘Personne ne te dit que quoi tu fasses, tu es une cause perdue et que jamais tu ne seras ce que l’on attend de toi.’ Il ne la regarde plus, il regarde par-dessus son épaule, la neige qui tombe. Il espérait que l’hypnotisante chute des flocons parviendrait à le calmer.  Marianne ne savait rien, rien de sa vie, rien du tout. Elle ne savait pas grand-chose sur ce qui avait emporté Bénédicte, Côme, sur cette maladie que sa famille trainait. L’époque ne se prêtait pas à savoir s’il s’agissait d’une maladie génétique, il était plus simple de parler de malédiction, mais tout n’est parfois pas une question de magie.

Alors tu viens voir si je suis en vie.’ Il laisse échapper un rire. Il reporte toute son attention sur elle, elle avait l’air sincèrement concernée. Sincèrement. Enfin Basile n’était pas doué pour ce genre de chose, pas doué pour comprendre les gens. ‘On vit, on meurt, c’est la loi de la vie.’ Le philosophe, ou bien le fataliste. Elle-même le savait sans doute mieux que quiconque grâce au don qui était le sien, à quoi tient une vie. ‘Tu t’excuses auprès d’un type qui va probablement crever comme le reste de sa fratrie, pour soulager ta conscience.’ Les mots sont durs, ils sont ceux qui lui passent par la tête, parce qu’il n’a pas la force de les retenir. Parce qu’il se dit à quoi bon ne pas dire les choses. Les non-dits lui avaient trop coûtés. Il allait mourir, comme le reste de sa fratrie, un jour. Prochain peut être. Parce que c’était leur fardeau à eux, de mourir jeune. ‘Ou par gentillesse, parce que Marianne Duchannes est une gentille fille.’ Lâche-t-il. Ce n’était pas péjoratif, c’était vrai.  ‘Alors, je te pardonne.’  Il lâche cela, ‘Je ne vais pas passer le temps qu’il me reste à ressasser un passé perdu.’  Lâcher prise, il fallait lâcher prise. Il l’avait fait en frôlant le voile, en manquant de rejoindre ses pairs. Il avait besoin d’aller de l’avant. Il avait besoin de vivre le temps qui lui était désormais imparti, sans savoir si sa fin serait prochaine ou lointaine. Il avait juste pris conscience de l’éphémérité de l’instant, de la fragilité du présent. Il n’était pas question de passé désormais. L’avenir était une chance, le présent ce qui devait compter.


Basile parle en cc9966

Basile Montrose

✧dans les rues de Paname✧
Basile Montrose
Missives royales : 65
Date d'arrivée : 15/11/2018

https://zupimages.net/up/18/43/rwr9.png 

avec nos silences et tout le reste // basile Empty
✧ Parchemin envoyé Jeu 24 Jan - 21:03 ✧


avec nos silences
๑ basile montrose et marianne duchannes ๑

What is stronger than the human heart which shatters over and over and still lives.

Y'a rien qui va. Rien. Absolument rien. Tout se fraye un chemin vers le travers, et chacun de ses mots l'entraine un peu plus vers le bas. C'était un peu comme, quoiqu'elle fasse, elle fautait. Marianne était maudite à échouer. Plus rien n'avait de sens, tout foutait le camp. Et quand elle tentait de se rattraper, quand elle essayait de choisir les bons mots, de faire attention c'était presque pire alors. Y'a ce qui reste de son coeur qui se serre encore plus, comme si même lui avait peur de battre au mauvais moment. De faire un faux pas, un faux battement. De manquer le coche comme Marianne s'entêtait à le faire avec tant de détermination. Elle essaie la sorcière, mais elle ne réussit pas. Tout prend l'eau et elle, elle boit la tasse. Les mots de Basile toujours un peu plus dur, un peu plus juste parce que si elle, elle manque toujours sa cible lui enchaîne les tirs parfaits. Droit dans le coeur, dans les miettes qui se battent en duel. Que je le sache avant de crever comme une merde ? S'il avait voulu être plus violent dans ses propos, il n'aurait sans doute pas pu l'être. Si bien que ça la choque à Marianne, de l'entendre se condamner avec si peu d'amour propre. Et si ça la marque, si ça se faufile quelque part dans ses observations, elle ne peut que (surtout) voir à quel point encore une fois elle s'est tirée du balle dans le pied. Elle avait voulu bien faire, elle avait essayé. Bordel. Elle s'était appliquée malgré les larmes et les sanglots qui lui nouaient et continuent de lui nouer la gorge.

Mais ça n'sert à rien.

Elle échoue une nouvelle fois.

Marianne, elle était pas venue ici de peur qu'il crève comme une merde. Elle était venue ici parce qu'elle avait eu l'audace de se croire légitime. De se penser si non bienvenue au moins tolérée. Elle était venue pour le voir parce qu'il lui manquait. Parce qu'elle s'inquiétait : mais pas qu'il meurt, parce qu'il était là. Qu'être là c'était déjà beaucoup. C'était déjà bien. C'était tout ce qui comptait. Elle était venue le voir parce qu'elle avait peur qu'il aille mal. Et elle était trop bête, Marianne. Trop conne. Parce qu'elle n'était pas à sa place et que Basile n'avait sans doute pas envie de la voir. Alors pourquoi rester, hein ? Pourquoi est-ce qu'elle ne prend pas ses jambes à son cou ? Pourquoi est-ce qu'elle ne fuit pas avant de n'avoir plus de larmes à faire couler ? C'était son domaine d'expertise la fuite pourtant. Mais Marianne n'y arrive pas. Elle a peur de partir, de franchir la porte, parce qu'elle se dit qu'alors ce sera terminé.

Elle pourrait être soulagée, que ça soit la fin. Elle pourrait trouver ça bien de tourner la page, de changer de vie. De pouvoir donner son palpitant à bouffer à quelqu'un d'autre. Elle pourrait. Mais ça n'est pas le cas, Marianne elle était trop optimiste pour ça et même au fond du gouffre elle gardait les yeux levés vers la tâche lumineuse qu'était le ciel depuis tout en bas. Ça lui fait mal au cou. Mais elle continue.

Quand il lui dit ça, elle redouble d'efforts dans une grimace pour ne pas plus pleurer. Ses sanglots se battent pour sortir mais elle ne lâche rien, quitte à retenir sa respiration, à froncer les sourcils, à grimacer un peu aussi. Quelle idée aussi, de venir maintenant. Quand lui était à moitié là et qu'elle était au fond du gouffre, le manque de sommeil et d'appétit qui continuent à creuser, à l'enfoncer. C'est dur de l'entendre, mais c'est mieux que le perdre. Alors elle reste. Avec tout le respect que j’ai pour toi… Tu as raison, oui, tu n’as aucune idée de ce que j’ai pu traverser. Elle pourrait se réjouir d'avoir trouvé un point d'entente si ça n'était pas simplement celui où elle passe pour une sombre idiote. Où il le lui rappelle. Je ne dénigre pas tes épreuves, une gamine ne devrait pas perdre ses parents. Ça lui fait relever la tête, désemparée, surprise mais surtout complètement défaites. Il n'avait pas le droit de parler de ses parents, de les mêler à tout ça. Il n'avait pas le droit même s'il avait bien failli les rejoindre. Elle-même ne se le donnait pas de les mêler à quoique ce soit. Secrète lorsqu'il s'agissait de ses géniteurs, Marianne n'aimait pas parler d'eux. Ils étaient ce presque ce et si qui la hantait chaque jour. Ils étaient ces quelques souvenirs flous et irréguliers, ce cauchemar maritime qui lui arrivait de faire peut-être un peu trop souvent. Et parfois elle oubliait leur absence à force de la taire : la culpabilité faisait rage alors, la détresse aussi d'être si proche d'oublier leur existence sans pour autant qu'elle ne se décide à les inclure un peu plus dans sa vie et ses conversations. C'était un sujet tabou. Même pour elle. Et Basile était loin d'avoir un passe-droit. Marianne le regarde interdite, submergée par trop d'émotions à la fois : tristesse, détresse, frustration, colère, choc, abandon, lassitude, fatigue, faim, culpabilité, honte, affliction, terreur, peine. Elle a le coeur et l'âme en vrac. Et Basile avec ses mots joue dans ses plaies béantes.

Il lui fait mal.

Je ne dénigre pas ce que tu as pu voir. Parce qu'il n'en sait rien. Ce que ça fait. Les traces que ça laisse. Y'a personne pour comprendre à part les autres voyants. Comme personne ne pouvait comprendre la douleur d'un loup, l'incertitude d'un métamorphomage, la solitude d'une vélane. Marianne ne dit rien. La gorge trop nouée, ls épaules qui trahissent la bataille en dedans qui se livre entre ses sanglots et l'image qu'elle veut conserver. Tu n’as pas perdu un frère, un modèle et ça n’est pas la première chose dont tu te souviens dans ton existence. Elle se souvenait de la Normandie. De la mer, du sable. Des mains de ses parents dans les siennes. Des coquillages qu'elle leur montrait avec autant de fierté que s'il s'agissait de pierres précieuses. Il avait raison. Ses premiers souvenirs étaient heureux, lointains. Et elle n'était pas là pour débattre de qui avait le plus perdu. Elle était juste là pour ne plus perdre encore même si seul l'échec persistait dans ses mains. Basile, lui, il lui filait d'entre les doigts avec encore plus de brutalité que d'ordinaire. Et Marianne elle le regarde, elle profite que le sien soit perdu loin pour étudier ses traits abîmés et fatigués. Pour se rendre compte de l'ombre sur son visage et dans ses yeux. Celle-là même qui redouble d'intensité quand il continue. Tu n’as pas perdu la meilleure partie de ce que tu es pour la même raison. Bénédicte. Elle fait le lien. Elle se souvient d'elle. De sa vision. Du reste. Elle laisse couler librement les perles qu'elle avait voulu garder au bord des cils dans un soupire tremblant, à deux doigts de se laisser complètement aller. Surtout quand elle entend sa voix à lui se tordre. Surtout quand elle voit sur ses joues la course d'une poignée de larmes. Basile pleure et ça finit de la tuer pour de bon. Elle est trop bête Marianne, trop gentille, trop bienveillante, altruiste ou naïve. Basile est dur, Basile lui fait mal : mais c'est le voir souffrir qui finit par être insupportable. C'est le voir pleurer qui l'écrase complètement. Personne ne te dit que quoi tu fasses, tu es une cause perdue et que jamais tu ne seras ce que l’on attend de toi. Son père qu'elle se dit directement. Ce foutu père qui ne voit rien, qui ne comprend rien. Qui ne mérite pas son fils.

Alors tu viens voir si je suis en vie. elle l'entend à peine rire, parce qu'elle ne peut pas penser à autre chose que ces putains de larmes sur les joues de Basile. On vit, on meurt, c’est la loi de la vie. Tu t’excuses auprès d’un type qui va probablement crever comme le reste de sa fratrie, pour soulager ta conscience. Elle réagit enfin, à hauteur de ce que la peine qu'elle ressent lui permet. C'est à dire par un simplement hochement de tête négatif. Non ! Bien sûr que non ! Ou par gentillesse, parce que Marianne Duchannes est une gentille fille. Est-ce qu'il se moque d'elle encore ? Marianne, elle est trop à terre pour que ça l'atteigne maintenant. À force de se prendre des coups elle finissait par s'y habituer. Alors, je te pardonne. Ah ? Tiens, ses miettes se mettent à battre à nouveau dans un bref sursaut, surpris par l'annonce. Il lui pardonne. Elle y croit à peine, mais elle y croit quand même. De toute façon, Marianne, elle croit à tout, elle croit trop d'ailleurs. Je ne vais pas passer le temps qu’il me reste à ressasser un passé perdu. Oui. C'est vrai. Basile avait raison et Marianne laisse échapper un Moi non plus. murmuré. Ils étaient d'accord si bien que  c'était presque un miracle : restait à savoir s'il était de ceux qu'on finit par regretter.

Elle dit plus rien ensuite.

Juste le silence.

Et puis le bruit des sanglots qui parviennent à se frayer un chemin par moment. Celui de la vie qui continue derrière la porte de la chambre, dans le couloir. Marianne essaie de faire sens de tout ce que Basile vient de dire, elle essaie de savoir quoi faire : elle n'a pas envie de le blesser plus encore. Elle n'a pas envie de le voir pleurer plus longtemps et surtout, elle ne veut pas partir. Pas déjà. Même si rester c'est souffrir toujours un petit peu plus. Du dos de sa main, elle vient essuyer ses joues sans la délicatesse dont elle avait fait preuve plus tôt. C'est que là, y'en avait trop.

Quoi dire maintenant. Quoi faire.

Elle pourrait se justifier, rectifier ce qu'il avait mal compris. Elle pourrait le reprendre. Mais elle décide que c'est trop tard. Que le mal est fait mais qu'il n'a pas empêché à Basile de finir par la pardonner. C'était peut-être bon signe quelque part. Alors elle inspire, lève les yeux vers le chandelier magique au plafond qui ne brille pas parce que dehors la neige est aveuglante. Je suis désolée... lui échappe soudainement tout doucement, comme si ça n'était plus elle qui décidait de ce qui sortait d'entre ses lèvres rougies d'avoir été trop mordues pour retenir les sanglots qui lui serrent la gorge. Son regard retombe sur lui. Je n'savais pas tout ça... et comment l'aurait-elle pu après tant d'années de silence, de regards peu avenants. Après des mois pesants et froids. Je suis vraiment la pire des connes. Marianne vulgaire ? Ça n'était pas la première fois, mais c'était si rare que ça y ressemblait beaucoup. Elle vient enfouir son visage entre ses mains un instant, le bout de ses doigts qui presse doucement ses paupières closes. Puis elle reste un petit moment comme ça, à se détester profondément. À ne rien trouver d'autre à dire que des désolée par dizaines. À avoir peur de prendre sa main alors qu'elle en avait envie. À ne pas oser le rassurer de peur qu'il se braque. À être complètement et totalement perdue. J'sais plus quoi faire. Y'a tout qui fout le camp depuis trop longtemps. T'avais raison depuis le début. C'était une cause perdue. Un truc cassé , qui ne vaut pas le coup d'être réparé. C'était une fille trop naïve, trop optimiste , qui s'était trompée de voie. Elle n'avait réellement aucune idée de qui il était. Et ce matin ne faisait que souligner le tout. À quel point elle enchaînait les erreurs. T'as toujours eu raison, c'est pas toi la cause perdue, c'est moi. Quand elle dit ça, elle relève enfin la tête dans un petit sourire triste. C'est nerveux, mais c'est sincère parce qu'elle fait preuve d'auto-dérision. Parce qu'elle y croit aussi dur comme fer. Elle fait référence à cette nuit qui avait fait tout basculer, mais y'a plus de rancoeur. Peut-être qu'elle se fustigeait à voix haute pour le faire sourire, effacer les larmes sur ses joues quelques secondes. Elle en sait rien, ça sort tout seul. Non mais regarde, qui apporte des pâtisseries à quelqu'un qui se réveille tout juste d'un coma. Elle dit ça en pointant la boîte de chez Camille de la main, avant de faire tomber sa paume sur le bord du lit. Y'a sa voix qui se brise sur le dernier mot trop fort, trop vrai, trop frais surtout. Mais elle fait face. C'est pathétique. qu'elle soupire dans un sourire sans teint. Elle était pathétique. Même là, quand de son autre main elle récupère d'autres larmes qui décidément ne veulent plus s'arrêter.

Un rire nerveux la quitte, se mêlant à un sanglot. Puis j'reste alors que je devrais pas. J'suis surement pas la première à venir t'embêter à pleurer parce qu'elle a eu peur. Elle pense à Tiphanie, fatalement. À d'autres sans doute aussi, elle ne savait rien après tout et s'en était rendue compte un peu tard. Elle serre le draps sur le bord du lit machinalement, comme pour se donner un peu de courage, assez pour arrêter de s'humilier devant Basile qui ne méritait pas d'assister à ce pitoyable spectacle. J'espère qu'ils te laisseront sortir rapidement. Elle passe du coq à l'âne, elle fait pas de sens, elle ressemble à rien. Elle est à bout, tout au bout, là où elle ne peut s'accrocher à rien à part au vide. Et puis le bout de draps sous ses doigts.


27 décembre 1927
Sa tenue : ici. & ici. & ici.
Marianne parle en ffcc66
Basile parle en cc9966


๑  A VAINCRE SANS PERIL ON TRIOMPHE SANS GLOIRE ๑



Invité

✧Invité✧


avec nos silences et tout le reste // basile Empty
✧ Parchemin envoyé Lun 18 Fév - 1:28 ✧





Avec nos silences. 

#basiliane

Quand on a plus rien à perdre, il ne faut pas prendre de gants inutilement. Basile avait décidé de ne plus se retenir de dire ce qu’il pensait, les non-dits lui avait suffisamment coûté par le passé, avec Marianne notamment. Mais avec son père aussi. Devait-il continuer à subir la dureté des mots de celui-ci, la dureté de son jugement ?  Il n’avait pas envie de perdre son temps avec des fausses routes, des faux espoir. Après tout, l’espoir, il ne lui en restait pas des masses. Il avait perdu une perspective d’une vie saine, en bonne santé. Il avait cru passer entre les mailles du filet, mais il avait échoué. La maladie allait-elle le prendre lui aussi, comme elle lui avait enlevé Bénédicte et Côme ?  Sans doute, tous les hommes ne finissent-ils pas par mourir ? Le secret de l’éternité bien gardé, par les Flamel. Les Montrose n’avaient pas le secret de l’éternité, c’était à croire qu’ils étaient tous venus au monde avec la maladie dans le corps, sans pouvoir rien n’y faire. Alors oui, il ne voulait pas prendre le temps de perdre du temps, parce que du temps, seul Merlin pouvait savoir combien il lui en restait… Il était las de perdre du temps, avec Marianne il avait l’impression de tourner en rond depuis des années, et d’avoir franchi un point de non retour. Alors non, il n’allait pas lui courir après, il n’allait pas chercher un passé qui de toute évidence était perdu. Il avait tenté un pas vers elle, elle l’avait repoussé, il n’était pas masochiste. ' Moi non plus. ' Au moins, ils étaient d’accord sur la question. Une fois n’est pas coutume.

Il n’attendait pas grand chose d’elle à vrai dire. Que pourrait-il attendre d’elle ? De la compassion ? De la pitié ? Il ne voulait rien de tout cela, il voulait qu’on puisse le respecter, qu’on ne le prenne pas de haut, et qu’on ne l’ignore pas. Il n’attendait rien. Certainement pas des excuses, pourtant, c’est ce qui vint en premier, des excuses. ' Je suis désolée.. '  Il croise son regard, ses yeux sont peut être rougit eux aussi, mais est-ce son problème à Basile ? Il a bien assez à gérer pour lui même, il n’avait pas besoin de gérer les autres et leurs problèmes. '  Je n'savais pas tout ça.. '  Bien sûr que non, elle ne savait pas. Avait-elle creusée quand elle aurait pu ? Avait-elle demandé quand elle aurait dû ? Non, pas pour Basile. Tout cela lui échappait, et tout cela les séparait désormais.  ' Je suis vraiment la pire des connes. '  Ce n’était pas à lui de juger ce point, il ne dirait pas qu’elle était conne, elle avait sa vie, et lui la sienne, a vrai dire c’était aussi simple que cela. Leurs vies s’étaient séparées il y avait des années de cela, ils ne faisaient que se côtoyer au travail, de façon tout à fait parallèle. Peut être devraient-ils rester deux lignes qui ne se croisent simplement jamais ? Il n’en ressortait jamais rien de bon, de leur échange. Jamais vraiment, plus maintenant du moins. Quand il regarde en arrière, il remarque que le bon était maigre, lointain. C’était de bons souvenirs qu’ils n’arrivaient pas à faire renaître, il ne reste que du chaos, de la peine et du désordre à chaque fois qu’ils tentaient de se parler. La preuve en ce moment même.

Il la regarde enfouir sa tête entre ses main, comme si elle était perdue. Elle voulait qu’il la plaigne peut être ? Non, il n’avait pas que cela à faire. Elle laisse alors échapper un, ' J'sais plus quoi faire. '  Parce qu’elle croyait peut être que lui avait une idée de ce qu’il devait faire ? Cette nuit là, cet incident, cette défaillance, ça remettait absolument tout en cause. Sa façon d’être, sa façon de voir les choses, sa façon de voir l'avenir. Tout avait changé, absolument tout. '  T'avais raison depuis le début. '  De quoi parlait-elle précisément? Parce qu’ils s’en étaient dit des choses, des bonnes, comme des mauvaises. ' T'as toujours eu raison, c'est pas toi la cause perdue, c'est moi. '  Il la voit se relever, un sourire triste sur les lèvres, il n’était pourtant pas totalement d’accord avec elle. Ils étaient tous les deux des causes perdues, chacun à leur manière. Ils avaient leurs torts, leurs caractères, leurs défauts, leurs forces, leurs faiblesses. '  Non mais regarde, qui apporte des pâtisseries à quelqu'un qui se réveille tout juste d'un coma. '  Il n’est encore une fois pas d’accord. N’est-ce pas l’attention qui compte ? Si lui ne les mangeait pas il savait très bien qu’elles feraient le ‘bonheur’ de sa soeur qui le veillait depuis des jours. Des jours, ça lui mettrait un peu de baume au coeur. Il le savait. Alors non, elle se trompait encore quand elle dit, ' C'est pathétique. '  Ca ne l’était pas le moins du monde. C’était humain, c’était gentil. Ca n’était pas pathétique, sauf si être quelqu’un d’attentionné était être pathétique pour elle. Elle s’enfonce encore, elle se confond en excuse, en connerie. ' Puis j'reste alors que je devrais pas. J'suis surement pas la première à venir t'embêter à pleurer parce qu'elle a eu peur. '  Elle était la première, à ne pas être un membre de sa famille à passer cette porte. Seulement parce qu’elle avait eu la chance de ne pas tomber sur Séraphine son charmant Cerbère Roux Personnel, la meilleure d’entre toute. Il la regarde serrer ses mains dans les draps, ajoutant un dernier, ' J'espère qu'ils te laisseront sortir rapidement. ' Comme la fatale conclusion de ce sinistre mea culpa.

Que pouvait-il répondre à cela ? Devait-il répondre à cela ? Une partie de lui, celle qui ne veut plus prendre le temps de perdre son temps lui dit de lâcher prise de la laisser partir si c’est ce qu’elle souhaite. Qui est-il pour aller contre sa volonté à elle ? Il n’est personne pour elle, juste un ex avec une histoire un peu complexe, où se mêle aisément les remords, et les regrets, laissant aux souvenirs même les meilleurs un arrière goût amer. ‘Tu es la seule à avoir passé cette porte.’ Lâche-t-il essayant de reprendre une position confortable dans ce lit qui est à la fois son soulagement et sa prison, encore bien incapable de se lever seul. Il peine à se mouvoir sur ses bras, comment pourrait-il tenir sur ses jambes. ‘Tu es la seule que Séraphine a laissé passé du moins, ou peut être ne t’as-t-elle simplement pas vu.’ Il dit cela avec un sourire, imaginant parfaitement son aînée assumer son rôle de protectrice, jusqu’au bout. Il ne dit pas cela contre Marianne, il lui avait suffisamment parlé de Sera pour qu’elle comprenne exactement de quoi il parlait, il avait une soeur protectrice, et plus encore depuis cette soirée, elle s’assurait qu’il était en vie, perpétuellement. ‘Ce n’est pas pathétique d’apporter de quoi manger, elle sera heureuse de manger autre chose que mon plateau repas, elle campe ici depuis…Des jours ? Il n’était pas capable de déterminer avec précision quels jours ils étaient, il avait comme qui dirait perdu la notion du temps. La fatigue ne le quittait pas. Il n’avait plus cette douleur dans la poitrine, pourtant c’était comme le dernier souvenir qu’il avait eu du bal, le seul aussi pour être franc. Il n’avait pas d’autre souvenir de cette soirée, il ne se souvenait pas avoir embrassé Tiphanie, ni même de lui avoir brisé le coeur. Rien de tout cela n’était resté gravé dans sa mémoire. ‘Ca lui fera plaisir.’ Dit-il doucement, ‘Merci.’ Ajoute-il. C’était un merci pour le geste, que ça soit pour lui ou pour Séraphine, c’était gentil. ‘J'espère sortir rapidement, je ne voudrais pas qu’elle campe ici trop longtemps.’ Ajoute-il. Il tenait à sa soeur, il n’avait pas envie de la voir moisir ici. Il tenait à sa soeur, il savait tenir à quelqu’un.



[/color]
Basile parle en cc9966


Basile Montrose

✧dans les rues de Paname✧
Basile Montrose
Missives royales : 65
Date d'arrivée : 15/11/2018

https://zupimages.net/up/18/43/rwr9.png 

avec nos silences et tout le reste // basile Empty
✧ Parchemin envoyé Dim 24 Fév - 0:41 ✧


avec nos silences
๑ basile montrose et marianne duchannes ๑

What is stronger than the human heart which shatters over and over and still lives.

Le draps blanc entre ses doigts un brin trop frêles lui semble si froid. Elle avait voulu y puiser un peu de force, à serrer dans ses mains quelque chose, mais le seul effet que cela avait eu était sans doute la gêne. D'être trop penchée près du lit, comme si Basile et elle étaient suffisamment proches pour qu'elle ose tendre un peu plus les doigts pour les mêler aux siens. Cela avait été le cas. Un jour. Mais ça ne l'était plus et Marianne avait mis un temps fou à l'accepter ou le comprendre tout simplement. Qu'elle n'était plus rien. Et qu'elle ne méritait rien d'autre que la distance usuelle entre deux jeunes sorciers de leur âge. Elle n'était jamais qu'une ex, la première d'une longue liste peut-être aujourd'hui et le début de quelque chose : mais cela s'arrêtait là. Parce qu'ils n'étaient pas amis.

Ils n'avaient même pas cherché à essayer.

Comme si par principe chacun avait décidé que ce serait impossible, impensable, trop étrange pour être honnête et simple. Pourtant, l'espace d'un instant dans les archives il y avait eu un temps calme, un moment pendant lequel discuter avait eu un goût familier. Ils s'étaient mutuellement fait rire, avaient parlé sans se piquer de joutes verbales malsaines. Ils avaient été eux, et ça avait suffit un petit peu. Une poignée de minutes avant que Basile ne se lance trop tôt et change un moment agréable et simple en une occasion ratée. Il s'était trahi lui-même en croyant bon de vouloir l'embrasser après tant d'années, il s'était braqué après l'avoir définitivement blessée. Et depuis, ça n'était allé que de pire en pire. Il lui avait piétiné le coeur, raclé les quelques morceaux qu'il restait, l'avait humilié aussi : et pourtant la voyante avait su garder la tête haute. Trop fière pour disparaître comme d'autres l'aurait fait, si pleurer n'était pas une nouveauté jamais elle ne s'était imaginée quitter le sénat pour (ou à cause de) lui.

Elle lui avait fait face tous les jours.

Elle avait voulu fuir le bal mais s'était retrouvée à attendre à l'Hôtel Dieu des heures jusqu'à ce que du bout du couloir elle comprenne qu'un médicomage avait donné de bonnes nouvelles à sa famille. Puis elle était venue ici. Incapable de rester chez elle une heure de plus en le sachant debout, sain et sauf. Et elle est encore là, la Duchannes. Elle n'a pas encore claqué la porte, elle s'est forcée à prendre chacun des coups qu'il avait voulu lui asséner comprenant que c'était normal pour lui d'être si violent dans le choix de ses mots : il n'avait pas le temps. Ni de partager ce dernier avec elle, ni de faire des efforts pour être plus délicat, parce qu'il était fatigué, tourmenté et médicamenté. Alors il fallait qu'elle soit forte et conciliante, comme avec n'importe quel malade couché sur un lit d'hôpital qui en voudrait au monde d'être ainsi emprisonné. Marianne n'était pas stupide, malgré ses larmes et la tristesse dans laquelle elles se puisaient, elle parvenait à le comprendre. Empathique. Elle se pince les lèvres et baisse les yeux quand le silence lui répond dans un premier temps, mais les remonte rapidement vers Basile quand il bouge et prend la parole. Tu es la seule à avoir passé cette porte. Vraiment ? Elle n'y croit qu'à moitié parce que ça lui paraît improbable tout en sachant bien évidemment qu'il n'était pas du genre à mentir pour si peu. Il n'y avait là aucun intérêt. Et si Marianne aurait pu être soulagée, ou même heureuse, d'être la seule et la première elle ne parvient qu'à être étonnée. Tu es la seule que Séraphine a laissé passé du moins, ou peut être ne t’as-t-elle simplement pas vu. Ah, tout s'explique. Séraphine avait joué les chiens de garde et avait sans doute envoyé balader celles et ceux qui avaient voulu passer la porte de sa chambre sans le mériter. Voilà pourquoi elle avait réussi à entrer si facilement, Marianne était passée entre les mailles du filet. Elle a envie de sourire mais n'y arrive plus. Ce n’est pas pathétique d’apporter de quoi manger, elle sera heureuse de manger autre chose que mon plateau repas, elle campe ici depuis… Là encore, elle aimerait bien rire un peu à imaginer Séraphine devoir manger le plateau repas de Basile. Mais elle n'y a pas le coeur. Et la situation lui parait étrange également, qu'elle le lui mange. Pourquoi ? Basile n'avait-il pas besoin de reprendre des forces après tout ? La sorcière se garde bien de poser des questions ou de s'inquiéter. Elle se contente d'hocher la tête. S'il ne trouvait pas ça pathétique, alors c'était au moins une bonne chose. Ca lui fera plaisir. Elle avait voulu lui faire plaisir à lui, au départ. Mais en y réfléchissant faire plaisir à Séraphine s'était lui faire plaisir aussi. Il l'aimait comme ça sa soeur. À ce point. Ça n'était pas un secret. Merci. C'est son merci qui lui arrache enfin un demi sourire. Elle hoche silencieusement la tête, la gorge nouée pour avoir trop pleuré d'un coup. J'espère sortir rapidement, je ne voudrais pas qu’elle campe ici trop longtemps.

Et la tempête semble être passée.

Le choc de sa présence, la maladresse de ses mots, les confidences douloureuses de Basile, puis ses excuses perpétuelles. Tout ça se terminait en un merci et des banalités qui n'osent pas clore une conversation si mal entamée. Il pourrait lui dire de but en blanc de partir, comme elle le lui avait proposé : mais il ne le fait pas. Et la sorcière n'ose pas le faire de soi-même tout de suite. Elle a la naïveté de vouloir profiter de ce temps calme qui se profile et décide d'être adulte pour une fois. De laisser derrière elle tout le mal qu'il lui avait fait. De tourner la page. Enfin. Parce qu'elle n'oubliait pas les mots de Pimprenelle : s'ils avaient tous deux des réactions si extrêmes, c'est bien parce que ça comptait, non ? Alors peut-être qu'ils pouvaient simplement bien s'entendre à défaut d'uniquement tolérer la présence de l'autre. Dans un soupire, elle ramène sa main vers son pendentif, délaissant les draps, pensive. Ils devraient bientôt te dire ça normalement... Enfin, je crois. Maintenant qu'il était réveillé, ce serait plus simple pour les médicomages de répondre à cette question. Mais elle était loin de le savoir avec certitude. Elle baille, vient cacher sa bouche ouverte du dos de sa main en s'excusant d'un presque inaudible Pardon. poliment, toujours fidèle à elle-même. C'est gentil de sa part, à Séraphine, de rester ici. C'est pas tout le monde qui le ferait s'empêche-t-elle de rajouter, de peur d'en faire trop. Ça ne m'étonne pas d'elle. qu'elle rajoute doucement dans un sourire qui se veut sincère. Elle n'était pas sûre que ses cousins en feraient de même, sans doute. Peut-être. Elle n'en savait rien en fait. Elle n'avait pas de frère ou de soeur à comparer à Séraphine malheureusement. Je ne l'ai pas vue en arrivant, d'ailleurs. C'est pour ça que je suis rentrée. Ou plutôt qu'elle avait réussi à rentrer, vu comment Basile lui avait présenté les choses. Son regard se dirige vers la porte toujours close, c'était étrange qu'elle ne soit pas déjà revenue d'ailleurs. A moins qu'elle n'ait profité du sommeil de Basile pour rentrer chez eux récupérer des affaires, quelque chose comme ça. Marianne se perd un peu dans ses pensées, poussée par la fatigue qui gratte derrière ses paupières, avant de reposer ses yeux sur Basile. Le coeur qui se serre pour l'énième fois quand elle voit son visage meurtri et les cernes sous ses yeux. Sa peau si pâle. Ses joues encore humides. Il aurait été question de quelqu'un d'autre, elle n'aurait pas hésité à le prendre dans ses bras. Mais c'était Basile. Et il y avait maintenant des règles à respecter. Plus ou moins. Elle se contente de lui lancer un infime sourire. Je devrais y aller. qu'elle lâche subitement d'une voix calme. Basile avait l'air d'aller bien, du moins, suffisamment pour parler (se disputer ?) et c'était bon signe qu'il en ait la force. Leur discussion se terminait sur un échange plutôt positif et pour une fois elle n'aurait pas à claquer la porte en partant ou à s'éclipser avant qu'il ne se réveille. Elle était venue le voir, s'excuser pour tout et plus encore, repartir sur des bonnes bases. C'était fait. Et Basile avait l'air si fatigué qu'elle se sentait presque coupable de l'obliger à se tenir assis ou à rester éveillé. Il avait besoin de repos, pas qu'on lui parle de la pluie et du beau temps, ni qu'on pleure à son chevet. Alors Marianne se lève doucement, fébrile d'avoir tant pleuré et si peu dormi et mangé ces derniers jours. À moins que tu veuilles que je reste jusqu'à ce que Séraphine revienne ? demande-t-elle une fois debout. C'est plus fort qu'elle. Il n'avait pas besoin de gardienne, ou de surveillante, mais l'idée de l'abandonner seul pendant des heures lui traverse l'esprit et la rend coupable. La question quant à elle, lui glisse des lèvres.


27 décembre 1927
Sa tenue : ici. & ici. & ici.
Marianne parle en ffcc66
Basile parle en cc9966


๑  A VAINCRE SANS PERIL ON TRIOMPHE SANS GLOIRE ๑



Invité

✧Invité✧


avec nos silences et tout le reste // basile Empty
✧ Parchemin envoyé Dim 24 Fév - 15:08 ✧





Avec nos silences. 

#basiliane

Dire que Basile allait bien n'était plus possible, il survivait, car savoir que demain était une notion fragile voire incertaine n'aidait pas à garder la tête hors de l'eau. la blessure de son cœur était encore fraîche. Et il se sentait de plus en plus fatigué à mesure qu'il devait parler, c'était beaucoup d'effort pour un corps encore au bout du rouleau. Basile était plus fragile qu'il ne voulait bien le laisser entendre, il connaissait désormais sa faiblesse et il allait devoir vivre avec. Le cœur était la faiblesse de cette famille, comme une malédiction du sang, comme une marque indélébile qui les poursuivait où qu'ils aillent, une épée de Damoclès.  La convalescence allait être longue, il n'était même pas certaind e vouloir retourner travailler auprès de son ère, et si c'était enfin le moment de prendre les bonnes décisions et de changer ce qui devait l'être ? Il avait toujours aspiré à être plus qu'un simple assistant qui faisait des papiers. Avait-il la patience d'attendre son heure ? Aurait-il le temps d'attendre son heure surtout ? Les médicomages étaient plutôt optimiste quant à son coeur, il n'était pas aussi faible que celui de Côme, ni même celui de Bénédicte, il était plus fort, parce qu'aussi plus vieux.

Il n'avait pas envie de s'éterniser ici. Il avait envie de rentrer chez lui, Basile n'était pas quelqu'un qui aimait passer du temps loin de sa famille, car hormis son père autoritaire et une mère parfois un peu trop docile avec ce même paternel, il tenait énormément à ses soeurs, et à son frère. Séraphine, Coraline et Léon étaient ce qui lui avait permis de ne pas quitter son travail précipitement sur un coup de tête ou qui lui avait permis de ne pas cracher des horribles vérités à leur père en plein repas de famille. ' Ils devraient bientôt te dire ça normalement... Enfin, je crois. '  Lui dit alors Marianne comme pour tenter de le rassurer. Il voudrait bien y croire. Mais la suite des choses et des évènements le feront rester ici un bon mois, parce qu'aucun des siens n'a voulu prendre le risque que les choses puissent mal tourner. 'J'espère.' Lâche-t-il simplement, tandis qu'elle baille. Elle était fatiguée ? Eh bien lui encore plus. Quand elle s'excuse de bailler, ' Pardon. '  Il ne relève pas, à quoi bon ?' C'est gentil de sa part, à Séraphine, de rester ici. ' Il se retient de dire que ce n'était pas gentil, que c'était simplement 'Normal', parce qu'elle était sa soeur. Dans la situation inverse, il aurait tout fait pour rester au maximum à ses côtés, surtout en cette période de fête de fin d'année. leur fraterie avait été assez meurtrie et aucun d'entre eux n'avait envie d'abandonner les autres, jamais. ' Ça ne m'étonne pas d'elle.  '  C'était son rôle d'aîné, elle était celle qui sermonait Léon qui prenait parfois trop ses aises sur le lit à Basile et le sommait de rentrer parce qu'il avait des choses à faire. Séraphine était presque plus maternelle avec sa fraterie que leur propre mère. ' Je ne l'ai pas vue en arrivant, d'ailleurs. C'est pour ça que je suis rentrée. '  C'était surtout pour cela qu'elle avait réussi à rentrer, Séraphine était un cerbère roux des plus redoutables si elle avait décidé de ne pas vous laisser entrer. 'Elle n'est jamais bien loin.' Lâche Basile avec un sourire, quand il voit que Marianne lève les yeux vers la porte.Probablement que Séraphine était pas loin, sans doute derrière cette porte. Une véritable espionne professionelle qui savait absolument tout de ses frères et soeurs. Parce que c'était son rôle de veiller sur eux, et que ça coïncidait très bien avec sa curiosité naturelle.

La situation est presque gênante. Il n'aimait pas paraitre faible, mais il l'avait été parce qu'il avait perdu un peu de son sang froid, et que ses nerfs avaient lâché en disant des vérités sur sa vie et sa famille. Il avait des blessures plutôt sérieuse, des plaies qui avec le temps ne se refermeraient sans doute pas. Il n'était pas du genre à pleurer, pourtant, il avait laissé quelques larmes couler sur ses joues, le témoin d'un être meurti. Quand Marianne lance,  ' Je devrais y aller.  '  Que devait-il répondre à cela ? A part lui dire de partir, effectivement. Il était fatigué, il avait besoin de repos. Il n'avait pas envie de se disputer avec elle, encore et encore, car c'était ce qui revenait tout le temps. Pour un instant de calme, c'était des heures de prise de tête. Le jeu en valait-il la chandelle ? Il n'avait pas envie de statuer sur ce point, le temps en jugerait. Il la voit alors se lever, et il peut la voir un peu fébrile, mais elle n'était pas à sa place à lui. Ce n'était pas à elle de pleurer à vrai dire.'  À moins que tu veuilles que je reste jusqu'à ce que Séraphine revienne ? ' Il n'en savait rien, il allait ouvrir sa bouche pour lui dire qu'il allait bien et qu'il n'était pas en sucre.  Mais, une petite tornade rousse aux cheveux un peu en bataile ouvre la porte sans délicatesse. Ce n'est pas Séraphine, c'était Léon le plus jeune de la fraterie des Montrose, seize ans, et sans l'ombre d'une gêne. 'J'en avais marre d'attendre, mais Séraphine elle préfère attendre la demoiselle dehors.' Lance-t-il un sourire de toutes ses dents. Il lance un regard à son frère qui lève lui fait momentanément les gros yeux. Mais, rapidement, Basile ne peut s'empêcher de sourire. Marianne avait dû voir Léon pour la dernière fois quand ce dernier devait avoir une dizaine d'années, désormais il faisait presque la taille de son aîné, et semblait promis à devenir une version rousse de lui même. 'Marianne - Léon, Léon  - Marianne, mais vous vous êtes déjà croisé quand cette tête de noeud faisait un mètre les bras levés.' L'affection fraternelle, ce à quoi Léon lui répond en tirant la langue avant de s'exclamer en passant prêt de Marianne, la bousculant un peu, 'Des macarons !' Léon c'était bien le frère à Séraphine, vraiment. Basile lève un peu les yeux au ciel pour regarder Marianne, qu'elle ne s'inquiète pas, il avait un petit frère gênant et une soeur maman poule. 'Merci d'être passée, c'est très gentil.' Ca va aller voulut-il ajouter. Léon attrape l'un des macarons pour venir finalement se poser lourdement sur le bord du lit, le plus jeune de la fraterie Montrose lance un sourire à Marianne.  'Au revoir Demoiselle Marianne !' Lance Léon, que Basile regarde alors étrangement à ces mots. Ce gamin n'était pas sortable, c'était certain. Il attend que Marianne sorte et que la porte se referme pour lancer un 'Elle est bien charmante.' Léon était un Basile en puissance. 'Mais Séraphine va n'en faire qu'une bouchée.'Basile laisse échapper un rire, et s'arrête quand celui ci se mêle à la douleur mais arrive  laisser échapper un 'Dans mes rêves les plus fous je suis fils unique.'Et ils rient ensemble.



Basile parle en cc9966
Léon parle en ffcc99


Basile Montrose

✧dans les rues de Paname✧
Basile Montrose
Missives royales : 65
Date d'arrivée : 15/11/2018

https://zupimages.net/up/18/43/rwr9.png 

avec nos silences et tout le reste // basile Empty
✧ Parchemin envoyé Dim 24 Fév - 21:09 ✧


avec nos silences et tout le reste // basile Tumblr_nrulsilV261rctq2eo1_250

Ainsi donc l’égoïsme et la culpabilité avait mon visage. J’avais échoué, une fois encore. Basile avait manqué de peu de rejoindre Côme et Bénédicte dans un lieu sans doute moins violent, moins dur. Une fois encore je m’étais montré de la plus grande des impuissances, d’une inutilité crasse alors que la souffrance se lisait sur le visage de mon petit frère qu’on emmenait d’urgence à l’hôtel dieu. Son coeur avait vacillé, loupé de trop nombreux battements pour ne pas laisser de traces tant physiquement que psychologiquement. Son coeur s’était tout simplement arrêté. Ma fratrie était une fois encore puni pour de sombres crimes sur lesquels nous n’avions aucun pouvoir. Les premières minutes furent des heures, les premières heures des jours jusqu’à ce que le diagnostic ne fut plus aussi sombre. Il resterait, encore quelques temps, avec nous. La mort n’avait pas encore besoin de lui à ses côtés contrairement à moi. L’égoïsme pure bourdonnait à mes oreilles, je refusais de le perdre, il n’avait pas le droit de partir loin de moi, je refusais de perdre, encore, un frère. Mais Basile était plus fort, il se battait pour vivre, pour survivre. Basile était plus précieux qu’il ne le pensait, pas parce qu’il était l’héritier de quoi que ce soit juste parce qu’il méritait de vivre pour lui envers et contre tout. J’étais bien incapable de craquer, de laissé s’échapper la moindre larme qui brulait mes yeux jour et nuit laissant simplement des marques rouges qui ne partaient plus sur mes paupières. L'épuisement était visible sur mes traits mais l’ainée ne pleure pas, jamais, tels sont les mots de notre mère quand elle passe voir son fils alité pour une période inconnue. Je me concentrais sur mon rôle, soutenir Coraline et Léon et tenter d’éloigner le plus possible notre père dont la présence ne pouvait aider en rien à la guérison de mon frère. Alors c’est vrai, j’avais tout d’un gardien de prison, veillant sur une porte qui contenait une partie de mon propre coeur avec férocité. Mais je l’avais laissé passé, elle, la petite Duchannes. J’étais resté en retrait avec ma tasse de café en la laissant franchir la porte. Elle qui faisait parti de son passé, certes peu glorieux d’adolescent idiot, mais auquel je le savais très attaché. Parce qu’il avait pour elle des sentiments qu’il repoussait beaucoup trop pour qu’il ne soit pas sincères. Je lui avais laissé sa chance et j’attendais patiemment derrière cette porte mordant ma lèvre inférieure lorsque le ton monte, levant les yeux au ciel en comprenant, rapidement, qu’ils n’étaient encore tous les deux que des enfants, trop blessés, pour voir la réalité. Même s’ils avançaient un peu en ouvrant leur coeur peu à peu. Ça n’était pas pour aujourd’hui que je devrais ouvrir cette porte pour calmer un élan amoureux et les couper en plein baiser pour empêcher Basile de fatiguer son coeur par ce genre d’exercice. Non pour le moment je réfléchissais a une façon de les sortir de ce moment un peu génant. En envoyant mon patronus à Jazz, notre elfe de maison, je jouais la carte “Leon”. Je faisais patienter mon plus jeune frère en lui offrant un bout de gâteau jusqu’à ce que le timing soit quasi parfait pour l’envoyer faire le ménage dans la chambre. Marianne fut rapidement dehors, mon frère avait ce petit côté angélique et ce sourire qui lui permettait de faire presque n’importe quoi sans avoir le moindre reproche. Un atout efficace dans ma manche dont j’usais parfois sans le moindre remord. Je me tenais droite, ma tasse toujours en main quand elle fit son apparition. Je l’attendais à n’en pas douter et si elle l’ignorait encore j’avais parfaitement entendu leur conversation.  Bonjour Mademoiselle Duchannes. Pas de Marianne, pas aujourd’hui. Je n’étais pas en quête d’amie ou de connaissance professionnelle, non j’étais devant elle en tant que grande soeur et mon message serait entendu.  Je vous remercie d’être venu voir mon frère, c’est très aimable de votre part. Ton courtois, mince sourire, j’arborais le masque de la parfaite sorcière bien élevée. Je me rapprochais d’un pas sans quitter une seule seconde son regard et sans lui laissé la réelle occasion de prononcer le moindre mot.  Sachez néanmoins qu’il va dorénavant falloir réfléchir davantage avant de vous déplacer pour ce genre de visite. Nous savons l’une comme l’autre que mon frère n’est pas facile, surtout lorsque son coeur a été touché. Et je ne parlais pas du bal. Je souhaitais lui faire comprendre qu’elle avait bel et bien touché son coeur sinon il n’aurait jamais réagi de la sorte.  Les femmes doivent se montrer plus fines, plus patientes. Je levais la main pour faire taire tout éventuel commentaire. Je n’avais pas fini.  Si et seulement si elles sont parfaitement sûre de leurs sentiments. Mon frère a déjà bien assez souffert pour que je permette la moindre nouvelle égratignure. Je n’étais certes pas une louve aux crocs acérés, ni même connue pour une quelconque violence mais le message me semblait assez clair.  Je vous apprécie mademoiselle Duchannes, je vous ai laissé entrer dans sa chambre aujourd’hui, ne me faites pas regretter ce choix. Je posais ma main sur son épaule et lui offrait un pâle sourire.  Je suis certaine que nous nous sommes comprises, n’est ce pas? Et j’attendais une réponse avant d’entrer à mon tour dans la chambre de Basile. Soit elle comprenait et prenait le temps de réfléchir soir elle fuyait et elle n'était pas assez bien pour mon frère, voilà tout.

Séraphine Montrose

✧dans les rues de Paname✧
Séraphine Montrose
Missives royales : 36
Date d'arrivée : 15/11/2018

https://magicalement.forumsrpg.com/t37-que-sera-sera#53 

avec nos silences et tout le reste // basile Empty
✧ Parchemin envoyé Dim 24 Fév - 22:09 ✧


avec nos silences
๑ basile montrose et marianne duchannes ๑

What is stronger than the human heart which shatters over and over and still lives.

Quelque chose a changé. Elle ne sait pas bien quoi exactement, mais elle peut le sentir. Au fond. Alors oui, Marianne a toujours le coeur brisé, oui, elle a toujours tout un tas de choses qui lui font s'affaisser les épaules. Mais un poids s'est levé : elle y voit plus clair mine de rien. Elle sait bien, maintenant, qu'il n'y a plus rien à espérer de Basile. Plus rien d'autre sans doute qu'une conversation sans profondeur, par politesse : et elle pouvait bien espérer à une amitié sans être certaine d'y parvenir. Il le lui avait dit, noir sur blanc, sans qu'elle ne réussisse à le comprendre sur le moment et il avait fallu qu'il le lui montre au bal pour qu'elle comprenne. Elle qui ne l'avait sans doute pas regardé comme lui l'avait fait, avant de vouloir l'embrasser. En y repensant, qu'avait-elle réellement fait pour se condamner ? Sortir de son silence pour faire taire ce père indigne, se retrouver coincée une nuit au sénat, jouer les infirmières le temps d'une poignée de secondes. C'était tout. Lui avait-elle envoyé des signes malgré elle ? Avait-elle été trop proche ? Peut-être. Oui. Mais elle ne lui avait pas fait d'avances et s'en était su désireuse trop tard : parce qu'elle l'avait déjà repoussé, parce qu'elle avait eu peur, noyée dans un passé sur lequel il avait fait planer une ombre en laissant courir ces rumeurs qu'il avait fait naître. Heurtée trop profondément pour tout oublier en deux conversations, aveuglée par la rancoeur qui s'était tout juste assez levée afin qu'elle puisse se rendre compte trop tard qu'il avait continué à compter malgré tout. Et à peine s'en était-elle rendue compte qu'il avait enfoncé les clous au bal, fermant leur chapitre qu'elle réouvrait à peine en en commençant un autre avec une autre. Ne laissant pas de temps à la colère de se faire une place en son sein en s'écroulant sur le sol au bord de la mort.

Cela avait eu le don de lui donner de la perspective.

De lui faire comprendre, à Marianne, que la mort les attendait tous au tournant. Et en manquant de le perdre lui elle s'était sentie mourir en dedans. Elle s'était sentie stupide aussi, terriblement sotte à s'être accrochée aux erreurs de Basile et à avoir laissé la rancoeur parler si longtemps. Elle s'était sentie idiote. Mais aussi libérée de l'incompréhension et de la colère qu'il lui avait fait ressentir au bal. Ne persistait que la peine de l'avoir perdu, qui finirait bien par s'estomper avec le temps, et l'envie de bien faire. L'affection aussi certainement. Toujours. Parce qu'un premier amour aussi houleux soit-il ne s'oublie pas. Mais ce serait tout. Elle n'attendrait plus rien de lui, et Marianne était certaine de prendre la bonne décision. Le coeur, ou ce qu'il en reste, plus ou moins léger, elle s'apprête à partir sans regrets et franchir cette porte qu'elle avait redouté. Maintenant que Basile et elle étaient parvenu à retrouver un semblant de calme, elle n'avait plus peur de partir. Il était vivant, avait la vie devant lui pour rendre d'autres femmes tristes ou heureuses. Quant à elle, elle prenait enfin une décision d'adulte en tirant un trait et en cessant de vouloir prendre soin d'une fleur qui s'était fanée il y a bien des années. Basile resterait important. Mais il serait de l'histoire ancienne. Ils s'étaient suffisamment disputés et confiés pour qu'elle sorte de cette pièce avec la sensation effrayante et apaisante de fin.

L'aurait fait, cependant, si Léon n'était pas entré.

Elle ne le reconnait pas au début, et se contente de le regarder dans un sourire poli. J'en avais marre d'attendre, mais Séraphine elle préfère attendre la demoiselle dehors. Elle n'a pas le temps de se présenter comme elle l'aurait dû que Basile attire son regard, l'obligeant à se tourner vers lui. Marianne - Léon, Léon  - Marianne, mais vous vous êtes déjà croisé quand cette tête de noeud faisait un mètre les bras levés. Marianne repose son attention sur l'adolescent qu'elle observe avec plus d'attention. Léon ? Je ne t'aurais même pas reconnu dans la rue tellement tu as grandi. se permet-elle de plaisanter un peu avant qu'il ne la bouscule un brin en se jetant sur la boîte de macarons. Des macarons ! et elle ne peut s'empêcher de rire alors que Basile lève les yeux au ciel. Léon était un vent de fraîcheur après l'atmosphère tendue que les deux sorciers s'étaient imposés. Elle lui aurait bien dit de partager avec sa soeur si Basile ne s'était pas adressé à elle directement. Merci d'être passée, c'est très gentil. Du bout de ses doigts, elle vient sécher définitivement ses joues en lui souriant, pour la première fois sans tristesse dans ses yeux. C'est normal. trouve-t-elle à lui répondre en toute simplicité. C'était gentil, mais nécessaire : du moins, ça l'avait été pour elle. Elle tourne enfin le dos aux deux Montrose pour trouver le chemin de la porte mais est vite hélée par le dernier. Au revoir Demoiselle Marianne ! Elle se retourne tout juste pour lui lancer un sourire en guise d'adieux, amusée plus que gênée par son comportement si spontané. Il lui faisait penser à son filleul, au genre d'adolescent qu'il pourrait devenir. Et juste comme ça, elle disparait. Mais les Montrose n'en avaient pas terminé avec elle. Bien loin de là.

À peine franchit-elle la porte que l'aînée de la famille l'aborde, droite comme un piquet. Séraphine. Bonjour Mademoiselle Duchannes. Mademoiselle Duchannes ? La froideur des mots, malgré la politesse du ton la fait se redresser plus droite, comme s'il s'agissait de sa tante. Séraphine d'ordinaire si radieuse et pétillante avait été écrasée par la fatigue, et sans doute aussi la peine et l'angoisse. Marianne le comprenait, alors même si la rousse semblait ne pas être ravie de la voir, la voyante lui lança un sourire poli. Bonjour. répondit-elle, sans oser rajouter de Séraphine de peur de la froisser ou de Mademoiselle Montrose, dans le doute que cela soit mal interprété. Elle n'a pas le temps de prendre de ses nouvelles. Je vous remercie d’être venu voir mon frère, c’est très aimable de votre part.  Encore cette froideur masquée par une courtoisie trop poussée, elles qui avaient eu l'occasion d'échanger de manière moins formelle. Marianne hoche la tête, l'air de dire que ça n'était rien dans un petit sourire. Sachez néanmoins qu’il va dorénavant falloir réfléchir davantage avant de vous déplacer pour ce genre de visite.  Et d'un coup de baguette son sourire disparait. Séraphine n'était pas contente, et la raison était simple : Marianne s'était frayée un chemin entre les mailles de son filet. Elle était allée voir son frère avant elle, l'obligeant à attendre dans le couloir. Le cas inverse l'aurait aussi chiffonnée à vrai dire, mais elle n'aurait pas osé remonter les bretelles de Séraphine pour autant. Alors surprise, Marianne ne dit rien. Nous savons l’une comme l’autre que mon frère n’est pas facile, surtout lorsque son coeur a été touché.  Basile n'était pas quelqu'un de facile, point à la ligne. Marianne n'a pas le recul suffisant, pas encore, pour comprendre les sous-entendus de Séraphine. Mais elle les saisit bien rapidement quand celle-ci ajoute. Les femmes doivent se montrer plus fines, plus patientes. Séraphine se trompait. Ce n'était pas elle qui avait touché le coeur de Basile, c'était Tiphanie. Et en sortant de sa chambre, Marianne avait décidé de ne plus se mêler de leurs affaires. De grandir et d'avancer au lieu de se tordre le cou et le coeur à trop vouloir s'accrocher à un passé destiné à disparaître. Si et seulement si elles sont parfaitement sûre de leurs sentiments. Mon frère a déjà bien assez souffert pour que je permette la moindre nouvelle égratignure. Elle avait raison, cette fois-ci. Marianne avait longtemps été noyée dans la brume. Mais plus maintenant. Maintenant, elle était sûre. Basile avait été clair. C'est à cet instant qu'elle entend les rires de celui qu'elle devine comme étant Léon derrière la porte. Des rires qui la font rougir comme une idiote, gênée tout à coup de recevoir des sermons que même Basile pouvait sans doute entendre, bien que le plus embarrassant soit de s'entendre dire avoir des sentiments pour Basile. Cela avait été vrai avant qu'il ne les piétine en privé comme en public. Je vous apprécie mademoiselle Duchannes, je vous ai laissé entrer dans sa chambre aujourd’hui, ne me faites pas regretter ce choix. Elle l'avait donc laissé entrer. Voilà pourquoi elle avait été la seule, et la première, à mettre les pieds dans la chambre de Basile. Tout ça parce que Séraphine l'avait décidé : le pourquoi lui échappait. Elle pouvait cependant la remercier, sans elle elle n'aurait pas réussi à vider son propre sac, sans elle Basile n'aurait pas craqué sous ses yeux plein de larmes et sans elle, elle n'aurait pas grandi comme elle venait de le faire. En tournant la page proprement. En faisant face au lieu de fuir. Comme là. Je suis certaine que nous nous sommes comprises, n’est ce pas ? Marianne s'empresse de secouer la tête en laissant s'échapper un Oui bien sûr. dans un sourire gêné avant d'ajouter Je suis désolée d'être passée sans prévenir. J'aurais dû m'annoncer, ça ne se reproduira pas. Jamais, même, puisqu'elle ne reviendra plus. Bonne journée... qu'elle glisse en baissant la tête avant de se décaler pour arpenter les couloirs de l'Hôtel Dieu, une drôle de sensation au fond du ventre mais les épaules définitivement plus légères.


27 décembre 1927
Sa tenue : ici. & ici. & ici.
Marianne parle en ffcc66
Basile parle en cc9966


๑  A VAINCRE SANS PERIL ON TRIOMPHE SANS GLOIRE ๑



Invité

✧Invité✧


avec nos silences et tout le reste // basile Empty
✧ Parchemin envoyé ✧



Contenu sponsorisé

✧✧


avec nos silences et tout le reste // basile Empty
 
avec nos silences et tout le reste // basile
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» c'est comme un sursaut // basile

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Magicalement.  ::  :: La modestie c'est la vie :: L'Hôtel Dieu-
Sauter vers: