Le temps semble s’écouler lentement, trop lentement pour celles qui travaillent à l’empire des sens. Les corps passent, s’enlacent, se battent et parfois se débattent sans jamais se prélasser. Le plus vieux métier du monde est comme tous les autres, sans réelle surprise. A cette heure tardive, les hommes encore présent envoient une missive avant de rejoindre nos draps pour prévenir femme et enfants qu’ils seront en retard, qu’un dossier urgent les retient. L’urgence c’est nous. L’urgence c’est ce membre trop comprimé dans un sous-vêtement. Nos clients viennent ici non seulement pour prendre du plaisir, se décharger d’un stress ou d’une frustration trop importante, mais aussi et surtout pour assouvir leurs plus profonds désirs, leurs plus inavouables fantasmes. Le bordel est le confessionnal des âmes perdues, le royaume des péchés capitaux. Ce soir ne fait pas exception à la règle et je venais à peine de sortir de ma douche après une passe qu’une missive vint se poser dans le creux de ma main. L’écriture fine mais brouillonne de Faustine indiquait l’heure et le lieu de ma prochaine passe. Un fin sourire éclaira mon visage, Viola Deveraux. Nos clientes féminines étaient en largement en sous-effectif, rare étaient celles qui osaient avouer leurs penchants et plus encore extrêmement rares étaient celles qui osaient franchir les portes du bordel. A notre époque le plaisir d’une femme était reléguer très loin des préoccupations des hommes, enfanter était la seule chose qu’on leur demandait. Mais les Deveraux étaient différents et Viola était devenu une cliente régulière qui savait profiter de la vie et des plaisirs qu’on pouvait lui offrir ici. Je me maquillais, enfilais des sous-vêtements à coiffais mes cheveux blonds. Une petite poupée parfaitement apprêté comme elle l’aimait. Je prenais soin de moi pour pouvoir lui plaire et me dirigeais une fois fait vers la chambre 207. Je ne frappe pas, je ne frappais jamais, a quoi bon quand on est incapable d’entendre la réponse attendue et puis personne ne dérange nos clients à moins d’une urgence vitale. J’entre dans la chambre et allume la flammèche rouge au-dessus de la porte. Cette chambre est dès à présent occupée. Je referme la porte derrière moi et m’approche de ma cliente. Je vois bien ses yeux rougis et légèrement boursoufflé signe qu’elle a dû pleurer, mais je ne suis pas là pour ça, du moins ça n’est pas à moi d’en parler la première, si elle m’en parle je serai « écouter ». Non, moi je suis là pour elle et pour exaucer le moindre de ses désirs. Le client est roi et à en croire ses jambes dénudées il ne doit pas y avoir beaucoup de tissus sous cette cape de sorcier, sans doute est elle aussi légèrement vêtue que moi, ce qui ne serait pas inhabituel pour Viola. Cette femme sait ce qu’elle veut. Je m’approche sans hésitation aucune et me baisse à sa hauteur pour l’embrasser sur les lèvres avec douceur mais fermeté. Bonsoir Mademoiselle Deveraux. Pas de Viola, jamais la première fois, sait-on jamais qu’elle ait envie de domination ce soir. Que puis-je faire pour vous être agréable ? Un fin sourire aux lèvres je restais face à elle, accroupie afin d'être à sa hauteur.