Pardon? Deux? Two? Je lui montrais deux avec mes doigts les faisant bouger sous son nez. Je me tournais vers Toulouse qui restait beaucoup trop calme a mon gout. Il a dit deux n’est ce pas? Je sais bien qu’il m’avait dit et répété un, il me l’avais lui même montré avec son gros pouce mais j’espérais encore. Mon anglais n’était pas au meilleur de sa forme après ce passage par la case “portoloin détourné” au milieu de nulle part et “tempête de neige” parce que sinon c’est pas drôle. Mais j’avais bien compris qu’il n’y avait plus qu’une chambre disponible dans cette auberge minuscule et hors d’âge et que l’endroit était le seul lieu que nous pouvions rejoindre à pied avec la tempête qui hurlait dehors. Je doutais d’ailleurs qu’il y ait une autre auberge à des kilomètres à la ronde. Une malheureuse chambre pour nous deux. L’hôtelier observait mes gesticulations en baillant. Il était épuisé de me faire comprendre que nous n’avions en réalité pas le choix. Cette mission, au demeurant une bonne expérience, avait été une façon comme une autre de s’éloigner quelques jours de France et plus encore d’occuper autrement mon esprit qu’en pensant à mon frère et son petit coeur fragile. Mais j’avais froid, très froid et j’avais envie de prendre une bonne douche chaude, de manger quelque chose et de me mettre sous une épaisse couverture pour effacer cette dernière heure compliquée. Je regardais de nouveau l’homme derrière son comptoir et attrapais la clé dans sa grosse main. Et bien je ne vous dis pas merci ! Et peu m’importe qu’il ne comprenne pas un mot de français! Je n’avais ni l’envie ni le courage de me montrer plus courtoise que je n’avais pu l’être jusqu’ici. Pourtant Viviane savait que je m’étais montré plutôt... souriante avec ce homme dont l’aura magique était quasi inexistante, un cracmol à n’en pas douter. En tout cas il n’avait aucune intention de coopérer, pas ce soir ce qui avait fini par réellement entamer ma bonne humeur. J’espère au moins qu’il y a un canapé... pour toi. Dis-je non sans un mince sourire à l’attention de Toulouse. Sans attendre que qui que ce soit ne nous indique le chemin je montais le seul escalier de l’endroit et nous tombions sur trois portes palière. Je regardais la clé dans ma main et son porte clé en rondin de bois miniature sur lequel il était grossièrement creusé un 2. J’ouvrais donc la porte deux et découvrais une petite chambre aux gouts douteux, démodés mais propre. Deux cadres décoraient les murs, un au dessus du lit, le second aussi d’une petite banquette, tous deux des décors locaux plutôt jolis même si les photographies n’étaient pas très recherchés. Deux chevets sur lesquels étaient posés deux chandeliers éclairés et un tapis épais devant une cheminée encore éteinte, d’ou le froid ambiant de cette pièce. Heureusement j’avais vu devant la porte des bûches que nous pourrions utilisés pour ce soir. Un mélange de couleurs dépassés et vieillis par le temps et le soleil. Ca... aurait pu être pire. Je grimaçais en découvrant la salle d’eau minuscule elle aussi, une simple douche, un évier, un WC et une tablette au milieu d’un miroir abimé. Je tentais de me détendre mais... cette situation me rendait bien plus nerveuse que je voulais bien l’admettre. Toulouse et moi étions de vieille connaissance mais... de là à partager une chambre?? Si mon père apprenait ça il m’enfermerait dans mon laboratoire de photo pour ne me laissé sortir que lorsqu’un sorcier de son choix m’aurait passé la bague au doigt. J’attrapais la première serviette qui me passait sous la main pour la mettre autour de mes épaules pour tenter de me réchauffer un peu. Je doute qu’ils aient un service d’étage... Non pas que je sois une habituée des grands hôtels, loin de là mais j’espérais néanmoins qu’ils avaient encore de quoi grignoter, toutes ces péripéties m’avaient donné faim.
Séraphine Montrose
✧dans les rues de Paname✧
Missives royales : 36 Date d'arrivée : 15/11/2018
✧ Parchemin envoyé Ven 22 Fév - 1:32 ✧
Toulouse Rosier
✧dans les rues de Paname✧
Missives royales : 16 Date d'arrivée : 08/11/2018
✧ Parchemin envoyé Lun 25 Fév - 11:49 ✧
Toulouse était morose. Non pas qu’il soit du genre toujours guilleret mais il avait cet air pincé qui ne présageait rien de bon et puis… il était calme, beaucoup trop calme alors que je me réchauffais en pestant contre cet hôtelier mal dégrossi. Avais-je de nouveau fait ou dit quelque chose qui l’avait rendu encore plus las que d’habitude de nos joutes verbales ? J’avais de toute façon la nette impression de faire n’importe quoi avec lui depuis de longs mois tout comme avec Basile d’ailleurs. Je n’avais aucune notion de dosage entre être trop présente ou trop absente et j’avais bien du mal à ne pas être ni trop curieuse ni trop bavarde pourtant je me mordais la langue pour ne pas poser ses questions à haute voix. Je me rendais bien compte que j’épuisais mes proches. J’imaginais bien Basile dans un bar profitant de mon absence pour vivre loin de mon regard inquiet et de mes perpétuelles recommandations. Et je voyais bien dans le regard de Toulouse une fatigue certaine et sans aucun doute une lassitude importante. Je l’épuisais tout simplement et ce constat m’était douloureux. Alors j’hochais simplement la tête à son murmure. C’est vrai nous aurions pu dormir dehors… et finir congeler. Il se pose et je grimace quand il prend sa tête entre ses mains. Ca va aller ? Avait-il mal à la tête ? Devais-je me taire ? Sortir pour le laissé se reposer ? Lui trouver quelque chose de chaud à boire ou à manger ? Mille et une questions qui me brulaient les lèvres sans avoir le courage de les énoncer de peur de faire davantage de mal. Oh. oui, j’en avais presque oublier que nous étions tous les deux dans le même état déplorable, transit de froid. J’hésitais une seconde avant de glisser ma main dans la sienne. Le pauvre allait ressentir un courant glacial entre ses doigts. Ma main était de glace, mes doigts violacés tirant dangereusement sur le bleu. Voilà plusieurs mois déjà que je ne parvenais plus à réchauffer mes extrémités et notre périple n’avait rien arrangé. Je le laissais faire tout en l’imitant pour le sécher également. J’éternuais dans mon coude alors que mes joues prenaient une tête plus rosée. Pardon. Je n’avais pas attrapé un rhume ou une pneumonie c’était seulement le changement de température entre mes vêtements et mes cheveux ou un quelconque courant d’air. Un photographe irlandais m’a dit que le macusa avait resserré toutes les frontières de façon à imperméabilisé leurs défenses. Trop tard si tu veux mon avis mais ça explique les ratés côté portoloin, annulés au dernier moment ou comme le nôtre détourné. J’avais un contact assez facile avec mes collègues, d’autant plus que je restais une exception dans la profession, être une femme simplifiait parfois les choses. Un sourire ne coutait rien. Il faut prendre notre mal en patience. Et c’était moi qui disais ça, la bonne blague. Mais je tentais sincèrement de mettre de l’eau dans mon vin pour agacer le moins possible Toulouse. Je grimaçais un peu et faisait lévité une serviette jusqu’à nous. Je lâchais la main de Toulouse pour la déposé dans son cou et sur ses cheveux comme j’aurai pu le faire pour Basile ou Léon. J’ai vu des buches dehors, je vais nous faire un feu. Je me dirigeais vers la porte et faisait lévité les buches en question dans notre chambre. Deux d’entre elles finirent rapidement dans l’âtre ou je les faisais flamber. J’observais les flammes danser sous mes yeux tout en détachant mes cheveux et en ôtant les nattes pour pouvoir les sécher correctement. Il doit déjà être loin…Grindelwald. Loin des États-Unis mais proche de l’Europe ? Proche de notre pays ? Le sorcier échappait à tout contrôle et j’étais bien incapable d’imaginer ce qui pourrait être la « suite » de cette cavale très médiatisé. Je frottais mes mains l’une contre l’autre bougeant mes doigts pour les désengourdir au maximum.
Séraphine Montrose
✧dans les rues de Paname✧
Missives royales : 36 Date d'arrivée : 15/11/2018
✧ Parchemin envoyé Jeu 28 Mar - 18:57 ✧
Toulouse Rosier
✧dans les rues de Paname✧
Missives royales : 16 Date d'arrivée : 08/11/2018
✧ Parchemin envoyé Dim 7 Avr - 20:09 ✧
Ce reportage ne s’était pas annoncé plus mal que les autres, au contraire partir à l’étranger payait davantage et m’offrait la possibilité de respirer loin de mon père et puis avec Toulouse c’était comme partir avec une personne de confiance. Nous nous connaissions assez bien, du moins c’est ce qu’il m’avait toujours semblé mais ces derniers temps j’avais l’impression de tout faire de travers avec lui. Pourquoi par Viviane avais-je cette impression que tout m’échappait de la sorte? J’avais toujours été observatrice, tout du moins assez pour comprendre quand j’allais trop loin ou que je devais cesser rapidement mes babillages. Mais avec Toulouse j’avais l’impression de jouer avec un feudeymon, tout en tentant de demeurer stable sur l’un des but de quidditch alors que l’équipe entière me visait avec des cognards... autant dire que ma chance d’y parvenir était aussi microscopique qu’un poil de licorne ! Il était doux et attentif ce qui me perturbait d’autant plus. Comment faisait il pour paraitre à la fois épuisé de ma propre personne et si... tendre? C’était vraiment déstabilisant pour moi. Il soupire mais souri, semble épuisé mais se lève... J’en perdrais presque mon anglais si je n’étais pas aussi occupée à réchauffer la chambre en allumant un feu. Il se rapproche de moi et je faisais un pas de côté pour lui laisser de la place près des flammes, lui aussi devait être frigorifié. Je grimaçais légèrement en l’entendant parler du sorcier qui pourrait être dans la chambre d’à côté. Je ne préfère pas imaginer. Je n’étais pas une combattante et je doutais avoir la moindre chance face à un sorcier avec une telle puissance. M’imaginer simplement devoir l’affronter me glaçait le sang davantage, d’ailleurs j’avais l’impression qu’un vent glacé venait de caresser ma peau, mes poils s’hérissaient même si je savais parfaitement qu’il blaguait. Son sourire ne mentait pas. Je relevais les yeux vers lui en l’entendant, sans doute trop surprise pour dire quoi que ce soit. Je n’avais pas vraiment l’intention de l’éviter toute la soirée, mais c’est vrai que nous n’étions que rarement aussi proche, aussi... tactile tous les deux. Mais ses mains étaient chaudes, sa peau un peu rugueuse mais entretenue. Je m’étonnais moi même d’avoir ce genre de considération alors qu’il avait sans doute juste envie de ne pas passé la soirée avec un monstre bleue. Mer... merci. Quelle éloquence, quel panache, reprends toi par Merlin! Il fait des efforts fais en aussi! Mais alors bien décidée à me reprendre il porte mes mains à ses lèvres... les yeux écarquillés, papillonnent je le regarde, nos mains puis ses yeux. Pourquoi? Comment? Interdite sa première réflexion me passe complètement au dessus de la tête mais la seconde m’interpelle. Tu peux répéter? Non enfin je veux dire... quoi? Je, tu... J’avale ma salive tentant d’ajouter deux à deux, de comprendre ce qu’il voulait me dire mais je me noyais dans toutes ces informations. Moi qui pensais qu’il commençait par doucement me détester avouait à mi-mot l’inverse? Qu’il appréciait passer du temps avec moi? Qui d’autres? Ça ne pouvait être que toi que moi enfin que nous. Je m’embrouillais alors que mes joues s’empourpraient rapidement et que ma respiration s’accéléraient alors que dans ma tête c’était le bazar et le vacarme le plus complet. Je devais avoir l’air d’un poisson hors de l’eau, une fille complètement idiote...
Séraphine Montrose
✧dans les rues de Paname✧
Missives royales : 36 Date d'arrivée : 15/11/2018
✧ Parchemin envoyé Mer 17 Avr - 2:35 ✧
Toulouse Rosier
✧dans les rues de Paname✧
Missives royales : 16 Date d'arrivée : 08/11/2018
✧ Parchemin envoyé Mer 17 Avr - 11:03 ✧
Il se retient de rire et je l’en remercie en silence, je suis consciente qu’il plaisantait mais cet homme me glaçait le sang, non pas que je sois en désaccord complet avec es idées… c’est peut-être ce qui m’effrayait un peu d’ailleurs, que je ne sois pas en complet désaccord avec ses paroles mais avec ses actes. Mais de toute façon mes pensées n’eurent pas réellement le temps de se prendre davantage sur ce sujet. Toulouse posait sur moi un regard bien trop mutin pour que j’y sois complétement insensible, surtout parce que nous étions proche, qu’il tenait mes mains, que je sentais son souffle et que son aura magique vacillait sous mes yeux comme elle ne l’avait jamais fait auparavant. Comme si le moindre de ses gestes était au ralenti et que je n’étais qu’une spectatrice de ma propre vie. Une entité flottant juste au-dessus qui appréciait le spectacle d’un jeune homme étrangement doux et galant et d’une complète idiote incapable d’aligner deux mots et de faire autre chose que de respirer, ce qui semblait déjà être une épreuve en soi. C’est avec une pointe de regret que sa main quitte la mienne mais je ne recule pas lorsqu’elle se pose sur la joue, comme pétrifiée d’imaginer ne serait-ce qu’une suite, probable, de ce geste. Il ri, il ri et la pression retombe un peu. Dans une expiration presque lourde, j’avoue d’une voix fébrile. Oui, ça arrive rarement. Sujet verbe complément bravo tu as fait une phrase ! Mais sa main se fait plus curieuse et lorsqu’il effleure ma nuque la chair de poule fait sa réapparition. Comme si je venais tout simplement d’être électrisé par ce contact. Il se rapproche le bougre, il élimine toutes les convenances, il fait s’effondrer les barrières qui protège mon espace vital et le pire dans tout ça c’est que je ne fais absolument rien pour l’en empêcher. Au contraire, sa présence est rassurante, un peu inquiétante aussi mais apaisante. Je relève la tête et sent son souffle sur ma peau. J’avale ma salive avec difficulté. Que lui, que moi, que nous. Nous. J’étais certaine cette fois d’avoir parfaitement entendu. Il n’y avait jamais vraiment eu de nous, deux collègues, des binômes mais rien de trop… attachant. Mais malgré mon trouble le « nous » me plaisait. Il m’embrasse et ma main libre semble hésité comme si elle avait une conscience propre, elle se lève, se stabilise en l’air ce qui doit me donner un air encore plus ridicule. Et cette petite voix dans ma tête qui m’hurle de faire quelque chose. Gifle-le ! Griffe-le, mords-le par merlin fait quelque chose, n’importe quoi !!! Je hoquète légèrement lorsqu’il s’éloigne de quelques centimètres pour reprendre une respiration. Comme si je venais de sortir la tête de l’eau trop longtemps immergé. Je n’ai pas bougé, je n’ai toujours pas bougé lorsque sa main reprend possession de ma nuque et que la seconde s’ancre à ma taille. Non, je ne le gifle pas et ma main s’agrippe à sa nuque, caresse la naissance de ses cheveux, découvre cette partie de lui que je n’ai jamais eu l’audace de découvrir avant. Non, je ne lui montre pas à quel point ce qu’il fait est inconvenant, déplacé, non, je ne m’éloigne pas. Je réponds à ce baiser, je laisse l’envie surpassé la crainte pour l’embrasser comme jamais je n’ai embrassé un autre homme. Je ne suis plus cette poupée de chiffon dans ses bras, je fais de moi-même le dernier pas qui séparais son corps du mien. Son torse contre ma poitrine. Toute la chaleur de son corps contre le mien. Je ferme les yeux me perdant totalement dans cet instant dont j’aimerai me souvenir toute ma vie, oubliant complétement que respirer nous est vital. Oubliant tout simplement tout autour de nous.
Séraphine Montrose
✧dans les rues de Paname✧
Missives royales : 36 Date d'arrivée : 15/11/2018
✧ Parchemin envoyé Dim 21 Avr - 21:40 ✧
Toulouse Rosier
✧dans les rues de Paname✧
Missives royales : 16 Date d'arrivée : 08/11/2018
✧ Parchemin envoyé Mar 23 Avr - 20:10 ✧
Il fait chaud, si chaud, c’est bien la première fois depuis des mois que mon corps tout entier ne réclame pas de chaleur. Le moindre contact est embrasant, mes joues doivent être aussi rouges que la pointe de mes cheveux et je n’en ai cure. Je m’en moque parce que pour la toute première fois j’ai l’impression d’être moi, simplement Séraphine sans tout le reste, sans le poids d’un nom et d’une éducation que j’envoie tout simplement valser en ne le repoussant pas. Il n’y a bien que Séraphine qu’il embrasse de la sorte, Séraphine qu’il goûte de cette façon. Je me délecte de ces sensations nouvelles, partage avec lui un moment de pure envie, sans doute de pure folie. Nos nez se frôlent et mon regard se perd dans le sien, échanges fiévreux, gourmand, insatiable. Il ne peut pas lire autre chose qu’un sentiment fort et puissant d’abandon dans mon regard alors que ma respiration se calque sur la sienne. Je n’ai perdu aucune bataille si ce n’est celle contre moi-même, contre un de ces masques que j’arbore avec une telle facilité et qui camoufle qui je suis. Il a brisé quelque chose d’un baiser, d’un « nous » bien placé sans le savoir peut être même sans s’en rendre compte. Il avance comme pour mieux nous rapprocher mais je ne peux que reculer d’un pas jusqu’à cogné dans le lit derrière nous. Le pas supplémentaire qu’il fait me fait basculer sur le lit alors que nous nous étendons sur ce vieux matelas ou le poids de nos corps semblent s’imprimer sur le tissu, s’enfoncer légèrement. J’esquisse un sourire amusé et secoue doucement la tête, non, je n’avais mal nulle part, cette pause me permet de reprendre un peu pied alors que mes yeux dérivent des siens à ses lèvres. J’ai envie d’y goûter à nouveau comme pour mordre dans un fruit défendu, interdit. Je ne suis pas une bonne fille… Ses doigts s’aventurent dans mon cou et je frissonne, m’abandonne. Je ne suis pas une bonne fille. Mes doigts caressent sa nuque et s’y ancre avec fermeté, je refuse de quitter ses lèvres de nouveau, je refuse qu’il s’éloigne. Sa main descend doucement, son parcours, même au-dessus de mes vêtements, est comme un sillon qu’il creuse sur ma peau. Je ne suis pas une bonne fille. Ma poitrine, mes côtes, mes hanches jusqu’à ce qu’il parvienne à forcer un passage jusqu’à ma peau. Je suis vierge, pas idiote, je sais où nous mèneront ces gestes et je sais lui avoir donné l’autorisation implicite en répondant avec tant d’empressement à ses baisers, à ses caresses. Mon corps et mon cœur brûlent de désir alors que ma tête hurle de peur, de crainte. Je ne suis pas une bonne fille. Entre deux baisers, deux respirations hasardeuses, je parviens à remonter davantage sur le lit et il prend sans doute ce geste comme une invitation à continuer son exploration, ses découvertes d’un corps qui se perd entre gémissement et retenue plus confortablement. Je ne suis pas une bonne fille. Lorsque sa main remplace ses doigts sur mon corps je recule plus vite, surprise, craintive, me cognant contre la tête de lit. Le cadre placé au-dessus se détache et vient cogner la tête de Toulouse avant de s’échouer sur le sol. Ma malchance légendaire frappe encore. Horrifiée je parviens à m’extraire de ses bras, me relever, le regarder les larmes aux yeux. Je… je suis tellement désolée… Et je m’enfui, m’enfermant dans l’unique pièce à proximité, la salle de bain. Il n’y a que le miroir qui reflète ma médiocrité alors que les larmes coulent silencieusement sur mes joues. Tout dans mon esprit s’entrechoquent et je ne sais plus dissocier le bien du mal, mes envies, mes besoins, mon cœur de ma raison. Il est derrière cette porte et je m’en veux tellement de ne pas être aussi forte que je veux bien le laisser paraitre. Je ne suis pas douée, je n’ai aucune expérience et mille et une question à ce sujet. Je dois me calmer, me reprendre. Je fais couler l’eau du robinet et m’asperge le visage à plusieurs reprises afin d’éliminer toute traces de larme et de reprendre le fil de mes propres pensées. Les trois pas que permettent l’exiguïté de cette salle d’eau sont effectués un bon nombre de fois avant que mes doigts n’attrapent la clé dans la serrure. Je dois lui faire face, s’il n’est pas parti. Je dois lui faire face et lui avouer. Je dois lui faire face et laisser parler mon cœur. Un dernier regard dans le miroir, je ne suis pas une bonne fille, c’est vrai, mais j’éprouve pour lui quelque chose de plus fort que ma propre honte alors je sors. Il a retiré le couvre lit qu’il installe au sol et prends un oreiller pour le poser par terre, il prépare son lit. Je grimace en avançant vers lui et attrape sa main. Toulouse arrête... je... Comment le dire? Je suis... vierge, ça n’est pourtant pas une insulte mais le mot ne franchi pas mes lèvres. je n’ai jamais... fait l’amour? Donné mon corps à qui que ce soit? Pourquoi par Merlin je ne parviens pas à faire une phrase complète? Je dandine d’un pied sur l’autre me mord la lèvre inférieure, enlace mes doigts aux siens pour me donner du courage. J’ai peur. J’ai très envie de découvrir ça avec toi mais c’est comme sauter dans un fossé sans être certaine du terrain sur lequel je vais atterrir. Mon autre main se pose sur ses lèvres pour qu’il me laisse finir. Je suis l’aînée de ma fratrie, toi aussi on attend beaucoup de nous deux. Mon père n’attendait qu’une chose m’offrir au plus offrant. J’avais trente ans, pour certains j’avais sans doute dépassé la date “limite”. Tu es en droit d’attendre plus que ce que je peux t’offrir... C’était un homme, il avait sans doute eu moult de conquête et je n’avais rien de particuliers si ce n’est cette propension a beaucoup trop réfléchir et à écouter cette petite voix intérieure qui n’a de cesse de me torturer. Et puis on est au milieu de nulle part, dans une chambre... étrange. Une première fois aux Etats-Unis? vraiment? Et puis jusqu’il y a quelques minutes je pensais que tu me détestais cordialement, je marchais sur des oeufs, j’avais l’impression de t’agacer plus que d’habitude et là... maintenant je ne pense qu’à tes lèvres mais... Je le regarde dans les yeux, j’avais vraisemblablement récupérer ma langue, terminé les bredouillements même si mes pensées et mes paroles se mêlent de façon éparpillé. J’ai peur de perdre notre relation, nos bêtises, nos rires, j’ai peur de te perdre. Tout simplement. Si aujourd’hui nous échangions autre chose que des pics qu’arriverait il demain?